Copyright Luc Fayard, Dictionnaire impertinent des branchés, Editions First, 2002

 

 

Mes citations favorites


« Garde-côte : ne pas employer au pluriel en parlant des seins d'une femme. » Flaubert, Dictionnaire des idées reçues.

 

« Tout a été dit. Sans doute… Si les mots n'avaient changé de sens; et les sens, de mots. »  Jean Paulhan.

 

 « Si vous m'avez bien compris, c'est que je me suis mal exprimé. » Attribué à  Alan Greenspan, patron de la Fed, la Banque Fédérale Centrale des Etats-Unis.


Introduction

Malgré tout, les mots continuent d'être l'un des plus grands miracles de la nature humaine. Ils peuvent tout dire, tout exprimer, tout et son contraire et souvent les deux en même temps. Hélas, la société de l'information ayant sacralisé le comportement zapping - shopping, les mots ont été peu à peu kidnappés par la technologie, l'économie, la politique, la publicité, le marketing...Mots purs, mots riches, mots complexes, les voici transformés en messages monothéistes, relayés sans filtres par les médias. L'art de la communication -le fait de parler pour ne rien dire, parce que si on avait vraiment quelque chose à dire, on n'aurait pas besoin d'en faire un art - est devenu une arme redoutable. Surtout quand il se nimbe de l’aura attrayante du jargon spécialisé. Parti de la technologie, le marketing viral des mots s'est diffusé dans toute la société. Ainsi sont nées, entre autres, la pensée unique et le politiquement correct, les solutions qui remplacent les produits, la globalisation qui masque l'absence d'idées. Alors, stop ! Pitié pour les mots ! Décortiquons, décodons, décryptons ! Mieux : rions ! Cette diverticulose du langage une fois disséquée, un bon moyen de lutter contre elle est peut-être de savoir s'en moquer. Tel est le but de ce modeste opuscule, rédigé par un usager passionné et critique des nouvelles techniques de l'information, qui est resté un amoureux des mots. Malgré tout.


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Les deux chiffres symboles du monde moderne, binaire, gouverné par l'ordinateur. Tout commence avec l'électricité, rappelez-vous : 0, le courant ne passe pas ; 1, le courant passe. Au-delà, c'est trop compliqué. Ce monde caricatural nous propose le choix entre deux solutions seulement, exclusives l'une de l'autre. Le courant n'a pas le droit de passer « plus ou moins » : il est ou il n'est pas. C'est le règne de l'alternative, de l'exclusion. L'univers digital est définitivement dichotomique. Ainsi, on est yin ou yang, jeune ou vieux, Mac ou PC, de gauche ou de droite, homme ou femme, 0 ou 1. Tant pis pour les hermaphrodites, les artistes, pour tous ceux qui doutent, tant pis pour les adeptes du non-dit, tant pis pour toutes les aubes et tous les crépuscules. Plus de compromis, on est devant ou derrière la caméra, émetteur ou récepteur de messages, on ne peut plus être ailleurs.

Ces deux digits (à la fois chiffre et doigt) qui nous gouvernent sont d'affreux tyrans : avec les chiffres, ils nous disent que tout est mesurable, même l'amour ; avec les doigts, ils  nous obligent à taper sur des claviers pour communiquer, c'est-à-dire pour exister. Le langage numérique est d'une extraordinaire simplicité et d'une formidable perversité.

Par extension : La « binarisation » du monde devient une sorte de jeu de société, dans lequel toute information lisible au départ doit obligatoirement se traduire en informatique par une suite incompréhensible de 0 et de 1. Dans ce monde bizarre, il n’y a que deux sortes de joueurs : les « Fabricants» qui gagnent à tous les coups parce qu'ils peuvent changer à volonté leurs combinaisons de 0 et de 1 et les « Utilisateurs » qui sont obligés de payer pour deviner ce qui se passe à chaque distribution des cartes. S'ils ne trouvent pas la solution, ils piochent dans la case Consultant en doublant leur mise mais le résultat est rarement probant. La case chance s'appelle Analyste et, là, heureusement, on rigole beaucoup quand on lit les cartes. En dernier recours, l'utilisateur peut essayer la case Mode d'emploi : chaque carte explique le fonctionnement théorique d'une combinaison particulière de 0 et de 1, qui n'a évidemment rien à voir avec la réalité qu'on a pu observer.

 

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Se prononce « neuf-trois » pour insister sur l'appartenance à une communauté départementale et ethnologique (voir Jeunes des quartiers) ; s'utilise exclusivement dans le dialogue suivant : «T'es d'où, toi ? - Du neuf-trois ! ».  N'a rien à voir avec 69, même si on n’a jamais prouvé que les Lyonnais étaient particulièrement doués dans ce domaine. Dans les Yvelines (78), où il existe pourtant des communautés semblables, on ne doit pas dire « sept-huit » sous peine de ridicule. Pourquoi ? On ne sait pas, c'est comme çà. Cette attirance des jeunes pour les chiffres est un signe plutôt encourageant dans la perspective de ce monde technologique auquel nous devons les former.

 

AAA

La règle 3 A (Actionnaire-Actionnaire-Actionnaire) dirige désormais la stratégie des entreprises cotées en bourse qui, d’ailleurs, ne l'ont plus tellement, la cote, vu le yoyo des indices boursiers. Elle a remplacé la règle A2C (Actionnaire-Client-Collaborateur) qui sévissait dans les années préhistoriques, celles qui ont précédé l’e-krack, où chacun trouvait sa place dans une ambiance travailleuse, harmonieuse et détendue (bon, d'accord, c'était pas aussi idyllique !...). Il paraît qu’à l’époque, les dirigeants d’entreprises décidaient vraiment entre eux de leur stratégie, en se préoccupant d’abord des intérêts de l’entreprise et en essayant de faire adhérer leurs collaborateurs à ces projets. Incroyable, non !

Désormais, c'est beaucoup plus simple, l'actionnaire est l'objectif unique à satisfaire et ce but sera atteint grâce à un outil (le client) et une ressource (le collaborateur) :

Allez-y, prononcez-le : AAA ! Cela sonne comme le soupir de la mort d'un mythe : celui de l'entreprise, corps social créé par des hommes pour des hommes. On aurait dû se méfier quand ils ont remplacé la « gestion du personnel »,  par la « direction des ressources humaines ».

 

Actionnaire

En langage juridique une personne morale, c’est une organisation, une entreprise. Comme si une entreprise se préoccupait de la moralité! Car le gros actionnaire est par définition une personne morale amorale, affectée d'un trouble oculaire spécifique: dans des comptes financiers, elle ne peut lire que la ligne du bas, celle du résultat ; cette ligne s'appelle en anglais bottom line, littéralement  la ligne du derrière ;  expression qu'on aurait envie de traduire - mais ce ne serait pas correct - par: « Des profits ? mon cul ! ».

Parce que les bénéfices, dès qu'on vend l’entreprise, ils ne sont plus pour vous, mais pour le propriétaire. Le collaborateur, lui, ne peut que pleurer ses stocks-options qui ne valent plus un radis, depuis que la bourse en a décidé ainsi.

Le nouveau slogan des fusions-acquisitions-restructurations (fusacs en abrégé), c'est : « Tout pour un (l'actionnaire) ; rien pour tous (les salariés) ». Le vrai actionnaire, celui qui dirige les fusacs du monde entier à partir des fonds de pension anglo-saxons, n'est donc pas une personne physique, c'est une entité abstraite dont la seule représentation connue à ce jour semble être une machine à calculer qui ne compte que dans un sens : celui du plus.

Quand il vend, c'est forcément au plus offrant, à qui il vante la qualité de ses personnels et de son encadrement. Voici donc le nouvel axiome de l’économie financière : plus les cadres et les managers sont mis en avant, plus le chèque risque d'être gros… mais pas pour eux.

Ainsi, quand ils ont changé de propriétaire sans avoir pu donner leur avis ni toucher un kopek, les cadres et ces employés s’adonnent avec persévérance aux 35 heures.

 

Amazon

Entreprise née en 19XX de toutes pièces sur internet qui croyait pouvoir vendre en ligne deux fois plus de livres que les libraires classiques, sans avoir de stocks à gérer. Erreur ! Les libraires se sont défendus, Amazon a quand même été obligée d'ouvrir des entrepôts et du coup, ses perspectives de marges ont fondu. C'est pourquoi l'expression «  se faire amazoner » qui signifiait au départ « se faire doubler sur internet » a finalement pris le sens de « se faire pigeonner par internet. »

Amazon est régulièrement la cible des humoristes, comme dans ce dessin sur le web où l'on voit Jeff Bezos, le patron américain, et ses deux proches collaborateurs, tous les trois riant jaune à pleine dents (Jeff Bezos est réputé s’esclaffer bruyamment tout le temps, ce qui lui évite d’avoir à réfléchir) ; dans une bulle, le premier pense « Si j'arrête de rire, les banques me lâchent » et, dans une autre bulle, les deux autres se disent : « Si on arrête de rire, il nous vire ».

 

Amour

Agiter avant de s'en servir. Ou bien : Démarrer-Arrêter-Démarrer-Arrêter… Comme Windows. Dans le temps, on parlait de l'amour de son métier. Aujourd'hui, quand on parle d'amour dans le métier, il ne peut s'agir que de harcèlement sexuel.

 

Analyste

Psychothérapie : un vieux professionnel qui écoute en privé et qui sait ce qu'il ne veut pas dire.

Finances : un jeune amateur qui parle en public de ce qu'il ne sait pas et qui se trompe tout le temps. Dans cette dernière acception, le mot pourrait être une contraction de anal et de kyste , vulgairement traduisible par  « trou du cul », plus quelques épithètes empruntées au vocabulaire médical (version salle de garde).

Commentaire : les virevoltes de la net économie et le yoyo boursier des valeurs high tech ont fait beaucoup de tort aux analystes, hier portés aux nues, aujourd'hui voués aux gémonies. S'ils avaient vus juste, ils seraient milliardaires et feraient la Une de Paris-Match. Mais les analystes ont un vrai problème, ils sont myopes : « Quand le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt. » dit le proverbe chinois.
Il est pourtant tentant de prédire l’avenir boursier des entreprises sur la base de quelques calculs mathématiques tellement compliqués que personne ne les comprend et d’informations parcellaires, piochées ici et là, soigneusement amalgamées pour en faire une tendance. Un analyste qui parle doctement d’une entreprise ne la connaît pas, n’a jamais visité ses usines et n’a jamais réellement discuté avec ses dirigeants. Sinon il pourrait se laisser influencer. C’est un peu comme ces profs d’architecture aux Beaux-Arts qui se vantent devant leurs étudiants de n’avoir jamais construit une maison.

 

Ananova

Créé en avril 2000, ce personnage a été labellisé par le livre Guiness des Records comme la première présentatrice de journal virtuelle. On peut donc la regarder sur un site web ânonner des dépêches d’agence : on  ne voit que sa tête et on imagine le reste. On se dit qu’elle a tout d’une grande (femme sexy), tous les hommes ont envie de coucher avec elle, mais ce n’est pas possible, on peut juste la regarder et gémir de frustration. Ananova dit autant de choses idiotes que les vraies présentatrices mais elle, au moins, elle n’a pas l’air d’y croire vraiment.

 

Arobase (@)

Symbole d'internet : on ne sait pas ce que ce caractère veut dire ni d'où il vient ni à quoi il sert vraiment mais tout le monde en parle et l'utilise. Attntion, quand vous épelez l'adresse de votre e-mail, ne dites pas arobase mais at, à l'anglaise. Les anglais non plus ne savent pas pourquoi ils disent çà, mais ils le font avec tellement d'arrogance !

 

Art

Dernier espoir des moralistes ; dans les salons, il y a toujours quelqu’un pour dire : « Au 21e siècle, l'art remplacera la religion» et les gens opinent alors gravement sans comprendre. Dans une variante contemporaine, art est remplacé par internet mais ça n'a pas pris parce que le net, ce n'est pas l'opium du peuple, c'est tout juste un bonbon qui n’a plus de goût.

 

Avatar

Dans le sens commun, désavoué par l'académie, avoir des avatars, c'est avoir des ennuis, des avanies. Dans l'univers du jeu en réseau et des communautés sur internet, un avatar, c'est un clone virtuel du joueur ou de l'internaute, un pseudonyme derrière lequel il se cache et qui a une forme bien visible sur les écrans. Ce qui n'est au départ qu'un jeu prend une consonance bien plus mystique quand on sait qu'avatar vient de l'hindou ou il symbolise les différentes incarnations humaines que peut revêtir Vishnou ! Méfiez-vous de vos avatars, ils vous apporteront peut-être des ennuis ! Le summum de l'avatar peut conduire à la schizophrénie, par exemple un homme politique qui se prendrait pour sa marionnette des Guignols ou encore un monde virtuel qui se croirait un monde réel, scénario bien connu des films cultes de science-fiction et des partis politiques.

 

Avenir

Sombre, incertain, complexe mais aussi ouvert, flexible, changeant… Comme l’économie et comme les technologies. Pierre Dac avait raison : « La prévision est difficile, surtout quand elle concerne l’avenir. »

 

Bande passante

Non, ce n'est pas un groupe de badauds! Au départ, la bande passante, c'est très technique, ça se calcule en mega ou gigaherz, c'est une unité pour mesurer les fréquences disponibles en communication. Plus la bande est large, plus vous êtes saturé d’infos. Aujourd'hui, le terme s'est étendu et désigne plutôt la capacité à supporter ce fameux haut débit dont personne n'a vraiment besoin, à part les opérateurs télécoms pour se refaire une santé, après leur flop dans le Wap et l’UMTS.

Si vous voulez paraître branché, dites plutôt : « Dis donc, ta sono (ta moto, etc.), elle a une méga bande passante ! » .

Quand un homme dit à une femme (ou inversement) « Toi, t'es une vraie bande passante », cela peut être interprété de plusieurs manières… A manier donc avec précaution.

 

Barbares

Ainsi a-t-on qualifié, pendant un certain temps, les créateurs de start up internet qui débarquaient sur des marchés encombrés en voulant tout casser et en ne respectant aucune règle : pas question, par exemple, d'attendre les profits pour aller en bourse. L'objectif prioritaire du créateur était de faire parler de lui et de récupérer un maximum d'abonnés à son site web, par tous les moyens. Ensuite, le cours grimpait dans des proportions vertigineuses et il revendait ses parts en ayant décuplé sa mise, pour prendre sa retraite à 30 ans. Hélas, « les faits sont têtus » nous avait prévenus Lénine et tout ne s'est pas passé exactement comme prévu. Mais c'est la faute aux financiers, bien sûr.

Le barbare se reconnaissait dans les salons d’affaires par une figure mal rasée d'où émergeaient des yeux brûlant d'une incroyable insolence, un peu comme ceux des consultants.

Quand les cours boursiers se sont inversés, il a rasé sa barbe et il s'est mis à faire les yeux doux mais plus personne ne le regardait.

Antonyme : mutant. C'est le cadre d'entreprise traditionnelle qui, piqué par le virus du web, se prend tout d'un coup pour un entrepreneur internet. Il arrache sa cravate, chausse des Reebok et, l'œil allumé, se met à parler avec des mots bizarres: «Boys ! On va flamber 100 briques dans l'année pour affilier notre portail B2B». Ensuite, soit il devient patron de l'activité e-business de sa boîte et il est viré quelques mois après, soit il est viré tout de suite.

 

B2C

Modèle d'affaires consistant à vendre par correspondance électronique, au bout d'une heure de connexion, et en livrant sans respecter les délais, des produits non conformes à la demande, alors que l'on peut acheter en cinq minutes au même prix les produits appropriés au magasin du coin. Difficile à mettre en œuvre, ce modèle a bien marché au départ mais les financiers ont arrêté d'y croire le jour où leur femme leur a demandé de faire les courses sur internet.

Prononcez bite-ou-scie. Rien à voir avec un boys band. En anglais, abréviation de : business to consumer, c'est-à-dire directement du producteur au consommateur, mais via internet pour compliquer les choses. Sinon, ce serait trop facile.

Antonyme : B2B, prononcez bite-ou-bi , qu’on pourrait traduire en français par : la bourse ou la vie. Car le B2B, c'est le business entre professionnels sur internet, le seul qui marche parce que les petits rigolos n'y sont pas admis et que le ticket d'entrée y est très élevé. Un peu comme la roulette au casino.

Dans un autre domaine, le B2C et le B2B sont des figures compliquées du kamasoutra, réservées à des contorsionnistes.

 

Bios

Un mot ultra-technique pour paraître branché sans effort. Permet de gagner tout de suite l’estime de ses proches. Se prononce d'une traite : biosse. Si on vous dit que cela signifie Basic Input Ouput System, cela ne vous servira guère dans les salons. Rien à voir en tout cas avec le sexe qui peut être assimilé à un système d'entrée-sortie mais qui n'est pas basique. Par contre, si vous pouvez caser dans une conversation: « T'as touché au set-up (prononcez sept-heuppe) de ton Bios pour changer les I-R-Q de tes périph ? », soit on vous répond et là, prétextez un malaise, soit on vous regarde bouche bée comme si vous étiez un petit génie et vous pouvez commencer à signer des autographes et même, éventuellement, à écrire un livre sur la technologie.

 

Bit(e)

Sans e et pas d’amarrage, abréviation de binary digit, bidule binaire qui stocke l’information quelque part dans l’ordinateur, en général vous ne savez jamais où et à condition qu’on n’oublie pas de l’allumer.

Bit, c’est aussi un vieux mot anglais, qui veut dire un petit bout de machin (just a little bit) ou encore le mors dans la bouche du cheval. Quand votre ordinateur prend le mors aux dents et qu’il vous raconte n’importe quoi en hennissant, c’est qu’il a avalé ses bits de travers.

L’avantage du bit informatique par rapport à ses homophones, c’est qu’il n’a que deux valeurs : 0 ou 1. Contrairement au côté échangiste de la bite d’amarrage qui peut servir à plein de bateaux différents. Et contrairement à l’autre qui, apparemment et c’est un peu agaçant, aurait des proportions extrêmement variables selon les individus et les situations. C’est la vieille histoire des deux hommes qui soulagent leur vessie au-dessus de la margelle d’un pont de rivière: le premier dit « Le fonds de l’air est frais. » Le deuxième répond : « Le fond de l’eau aussi. »

 

Bobos

Abréviation de « bourgeois-bohémiens » ; tentative sociologique de la fin du 20e siècle, intéressante mais maladroite, et qui s'est finalement soldée par un échec, visant à définir une classe de gens que c'est-pas-parce-qu'on-

gagne-plein-de-pognon-qu'on-a-pas-aussi-envie-de-s'éclater-de-

temps-en-temps. En fait, la réalité est plus cruelle : soit on se marre, soit on travaille. Le concept a donc disparu aussi vite qu'il est né.

Dans l'histoire des grandes classifications sociétales, les bobos auraient pourtant bien aimé remplacer feu les yupies (young urban professionnal, les jeunes citadins qui bossent), ainsi qu’on appelait dans les années 90 ces travailleurs branchés, riches, intelligents mais l'œil trop brillant à cause d'un abus de cocaïne, une drogue devenue politiquement incorrecte, ce qui les a rapidement fait disparaître du paysage médiatique.

 

Bug

Vient de l'anglais bug, punaise et par extension bestiole nuisible,  comme celle qui, en se faisant griller par les circuits électriques, provoqua la première panne du premier gros ordinateur. C'était en l'an 28 av MC (Microsoft).

En fait, ce serait plutôt une araignée que les programmeurs ont dans le ciboulot, vu le nombre d'erreurs qu'ils font quand ils écrivent leurs logiciels.

Un bug, c'est un défaut d'un programme informatique qui fait qu'il ne fonctionne pas comme il devrait. Ca, c'est la définition officielle et elle fait marrer tout le monde parce que personne n'a jamais vu un programme marcher « comme il devrait ». Il a plutôt tendance à fonctionner comme il l'entend.

Le bug c'est un peu la « fôte d'ortografe » du programmeur mais la différence c'est qu'une erreur d'écriture n'a jamais empêcher de continuer à écrire. Tandis que le bug, lui, il bloque tout. Quand c'est buggé (bogué), çà ne marche plus où çà donne des résultats hilarants.

Prononcez : beugue, avec un air dégoûté. En français : bogue, comme l’enveloppe piquante de la châtaigne. Un bug, çà pique et çà file une châtaigne. De toutes façons, quelle que soit la langue, quand vous le dites, ça vous dessine la bouche en cul de poule. Essayez devant la glace, vous verrez, vous ressemblerez à un poisson qui fait des bulles. Alors, évitez.

Par extension : s'applique aussi à une panne de tout type de matériel.

Commentaire : L'informatique, c'est comme le gruyère : plus il y a de programmes, plus il y a d'erreurs et plus il y a d'erreurs, moins il y a de programmes (sous-entendu : qui marchent). Il semble qu'il soit scientifiquement impossible de fabriquer le moindre bidule informatique sans qu'il soit automatiquement bourré d’imperfections en tout genre.

En fait, c’est plus simple : le bug est le fondement de l'industrie informatique. Celle-ci se donne comme objectif de créer à bas prix des logiciels et des matériels pleins d'erreurs qu'il faut ensuite réparer en appelant le service après-vente qui, lui, est une activité extrêmement rentable. C’est exactement le même principe que dans la machine à laver : le seul qui gagne de l’argent, c’est le plombier. C’est pourquoi vous devez conseiller à vos enfants de faire, au choix, dépanneur de machines à laver ou de machines informatiques. Voir SSII.

Attention : « T’es buggé ou quoi ? » est une expression extrêmement péjorative si elle vise à qualifier les performances amoureuses de quelqu'un.

 

Bug de l'an 2000

Plus grand succès médiatique du 20e siècle (celui du 21e étant Loft Story). L'industrie informatique a réussi à faire croire à des millions de gens que tous les ordinateurs allaient se planter à la fin de 1999 parce qu'elle pensait qu’on changeait de siècle. En fait, elle s'était gourée d'un an. Finalement, on a quand même changé de siècle, il ne s'est rien passé et Bill Gates (le patron de Microsoft) est toujours très riche. Car pendant ce temps, les entreprises et les particuliers ont dépensé beaucoup d’argent pour éviter le fameux bug, qui a refusé de se produire, tellement il avait peur de toutes les parades qu’on lui avait préparées.

 

Business angel

Ange du business. Ainsi nomme-t-on les entrepreneurs qui, ayant réussi à gagner un peu d’argent dans leurs affaires d’origine, se disent qu’ils peuvent en gagner beaucoup plus en investissant dans les affaires des autres et se mettent des ailes dans le dos pour inspirer confiance. En fait, à partir du moment où ils se transforment en banquiers, ils deviennent aussi insupportables qu’eux. Rien à voir avec les Hell’s Angels qui ne sont pas des anges non plus mais eux au moins, ils ont de belles motos.

 

Cadre

S’il est jeune, il est ingérable à cause des 35 heures. S’il est quadra-quinqua, il est en crise depuis 30 ans : il ne s’est jamais vraiment remis des années 1968 and co, où il a pris en pleine poire le « peace, love and flowers » des  baba-cools quand lui vivait au rythme « métro-boulot-dodo ». Depuis, il se traîne. Le cadre masculin est plus frappé que le cadre féminin par cette sorte de dépression parce qu’elle s’inscrit dans une vaste remise en cause. Il ne se sent plus vraiment jeune, pas tout à fait vieux, il a des enfants qui ont grandi et qui le secouent comme un Orangina, des parents qui ont vieilli et qui le harcèlent. Il jette un regard nostalgique sur les jeunes femmes de 20 à 30 ans qui passent autour de lui, hiératiques dans leur incroyable féminité. Il tourne en rond avec ses amis parce qu’ils se sont tout dit. Au boulot, il se fait talonner par les cyber-jeunes dont les dents de loup sont des clics de souris. Son âme a perdu la naïveté de l’enfance, ses muscles se sont amolli. Son sexe ne demanderait qu’à lui prouver le contraire mais les occasions manquent et il n’a pas le courage de les provoquer. Que lui reste-t-il ? Une espèce d’intuition qu’il comprend un peu mieux les choses qu’avant, une certaine prétention à pouvoir agir un peu plus sur son environnement. Ce monde, il le regarde pourtant avec étonnement et se demande : « C’est çà, vraiment, que j’ai bâti pour mes enfants ? Ce désordre insensé, cette confusion des idées, ce royaume de l’amalgame, cet oubli du passé… ? » Alors, peu à peu, il tente un rétablissement: celui de la sérénité molle, seule philosophie capable de le faire vivre à peu près sain d’esprit dans le troisième millénaire. Bref, les vieux cadres sont mous et les jeunes sont imprévisibles.

 

Cannabis (haschich, marijuana, etc.)

Plante dicotylédone apétale cousine du houblon, dont le principe psychoactif bien connu s’appelle le delta-9-tétrahydrocannabinol (delta-9-THC), découvert en 1964 par l'israélien Raphaël Méchoulam.

Tous les jeunes fument du cannabis. Mais personne n’en parle, parce que c’est une substance illicite. On peut donc s’en procurer très facilement à la sortie des collèges et de lycées, rendez-vous préférés des dealers. Si votre enfant vous paraît pâle et mou et qu’il se traîne comme çà depuis plusieurs jours, c’est qu’il en fume trop ou de mauvaise qualité. Conseillez-lui alors de changer de fournisseur.

Les moins jeunes en fument aussi, surtout quand ils travaillent dans la pub ou dans le développement de jeu vidéo. Pour faire branché, quelques politiques laissent entendre que, ma foi, un petit joint de temps en temps… C’est dans ces moments-là qu’ils font dans les médias des déclarations bizarres que leur état-major a ensuite bien du mal à expliquer au public. C’est notamment le problème des Verts, chez qui on fume beaucoup du cannabis écologique.

La substance psychotropique a été largement utilisée aux belles heures de la Silicon Valley par les informaticiens en mal d’inspiration. On prétend que c’est ainsi que naquit le Macintosh. En tout cas, le programmeur qui, a l’époque, a inventé un des plus fameux économiseur d’écran (l’image qui s’affiche à l’écran quand votre ordinateur se repose) devait bien en avoir consommé un peu : il dessina des « Flying Toasters ». Oui, vous avez  bien lu, des grille-pains de toutes les couleurs qui traversaient l’écran… en volant !

 

Cash-burning

Littéralement « cramer le pognon ».

Attitude incompréhensible pratiquée pendant quelques mois par des créateurs de start up et les financiers qui les soutenaient, visant à dépenser un maximum d'argent en un minimum de temps pour promouvoir des activités qui n'existaient pas et dont personne n'avait besoin. C’est cet appétit de monnaie qui a permis des envolées en bourse : tout le monde a cru que plus on avait besoin d’argent, plus on allait en gagner.

Le cash burning aurait en fait résulté d'une consommation abusive de produits stupéfiants, comme le B2C, importé  des Etats-Unis.

 L’expression étant strictement anglaise, elle ne peut donc pas en français désigner une prostituée.

 

Capital-risqueur

Financier qui, depuis le krach boursier des valeurs internet, prend le minimum de risques avec un maximum d'argent qui n'est pas à lui.

Commentaire : Finies les montagnes russes, le capital-risqueur a mal au cœur (à l'endroit du portefeuille) et préfère un circuit pépère. C'est Schumacher qui se mettrait au vélo. Hier excité comme un pou, aujourd'hui peureux comme un mouton, ce petit bras de la finance veut continuer à rafler la mise, mais seulement à coup sûr. Le capital-risqueur moderne joue toujours à la roulette, mais uniquement sur le bon numéro et si possible une fois qu'il est sorti. Ils ont oublié la pub du Loto, ces consternants comptables : « 100% des gagnants ont tenté leur chance ». Du coup, ils ont asséché le marché des start up. Ca devient dur pour ceux qui ont encore des idées, ces naïfs qui croient que le rôle d'un entrepreneur est d'inventer : ils n'ont rien compris, les pauvres (sic)!

Le business plan qui plaît aux capital-risqueurs de l'après-krach, c'est celui qui s'appuie sur une technologie éprouvée (sous-entendu aux Etats-Unis), sur un modèle expérimenté (idem), sur une clientèle professionnelle captive (pas de frais de promotion), sur un compte d'exploitation en béton (bénéfices la première année, sinon rien), et qui est dirigé par des manageurs seniors sous-payés, ayant fait carrière exclusivement dans des grands groupes, vous savez, ceux qui privilégient l'autonomie et l'initiative. Fin de l'aventure, fin du jeunisme, c'est comme pour les raves parties ! On danse, mais en mesure s'il vous plaît et uniquement là où c'est permis !

Certes, les créateurs de dotcoms ont exagéré dans le cash-burning et le virtuel. Mais, comme à l'époque ils ont su convaincre pas mal de financiers, de deux choses l'une (« l'autre c'est le soleil » disait Prévert): où ils étaient spécialement malins où les autres étaient particulièrement idiots.

En anglais : L'abréviation anglaise, V.C (pour venture capitalist), vient contredire le dicton populaire selon lequel l'argent n'a pas d'odeur.

 

Centime

Cette unité de mesure monétaire, tombée en désuétude, n'était plus utilisée que par les personnes âgées et les ringards, c'est-à-dire les pubards du loto et les politiques (à propos des voyages privés de Chirac), quand elle a été brutalement remise à la mode par l'euro ; ainsi, une baguette vaut 64 centimes d'euro, sauf dans les pays où il n'y a pas de baguette.

 

Centre

Rassemblement politique de ceux qui n'ont pas beaucoup d'idées. Ca fait de plus en plus de monde. Comme en marketing.

Sexuellement parlant : quelque chose comme le point G, ce truc qui existe quelque part. Paraît-il. Il y en a qui le cherchent encore.

 

Challenge

Mot d'origine anglaise et on comprend pourquoi : le challenge, en amour comme en économie, est présenté comme un objectif alors que c’est une difficulté insurmontable pour des raisons incompréhensibles.

Voir Défi.

 

Chat

Prononcez tchatte. De l'anglais to chat, causer. Rien à voir avec le sexe féminin ni avec l'animal de même nom, si ce n'est que, dans ces forums de bavardage sur internet, on sort parfois ses griffes et on parle souvent sexe. Car le niveau des discussions, alimentées par de jeunes internautes boutonneux pré-pubères et analphabètes, est largement en dessous de la ceinture. Le chat a son propre jargon ; par exemple si on vous écrit CUL, répondez OK sans rougir, car ce sont les initiales en phonétique anglaise de « See-You-Later » (à plus tard).

Citons également en français les inénarrables: mdr pour « mort de rire » ou oqp pour « occupé ».

Mais, le plus drôle, ce sont les smileys ou binettes en québécois, une suite de petits signes tapés au clavier pour exprimer un sentiment ou une opinion. En fait, pour les comprendre, il faut tourner la tête de 90° sur la gauche, ce qui est le moyen le plus commode pour lire un écran, et là, effectivement, on voit apparaître une sorte de petit dessin naïf.

Faisons un exercice : voici quatre smileys avec, en dessous, leurs définitions dans le désordre, à vous de les rapprocher (la solution sera dans un prochain livre).

c=:-)            [:-)               8-)               <|:-)

« c'est un Chinois » ; « je mets des lunettes »; « il porte un walkman » ; « c'est un chef cuisinier ».

Autant d'expressions indispensables pour chatter correctement.

 

Citation

Alibi. Quand on ne sait pas quoi dire, on se cache derrière une citation, voire une allusion, ce qui est nettement plus perfide. Il est de bon ton dans les discours stratégiques du monde high tech ou politique de citer l'apophtegme de tel ou tel auteur classique, qu'on n'a évidemment jamais lu mais qu'on a trouvé en deux clics de mots-clés sur citationsdumonde.com. La référence culturelle légitime l'imperméabilité du discours. Léon-Paul Fargue disait un truc du genre : « Utiliser une citation classique, c'est comme exhumer sa grand-mère devant sa maîtresse »…Que le lecteur me pardonne mes travers obituaires et que toutes les maîtresses du monde sachent qu'il y a toujours quelque chose à apprendre de l'aïeule de leur amant.

* dans l'excellent ouvrage : « Les allusions littéraires » de Jean-Claude Bologne, chez Larousse.

 

Click and Mortar

Littéralement « du clic et du mortier » : désigne une entreprise traditionnelle du BTP (celle qui fait du « brick and mortar ») qui tient absolument à aller sur internet pour vendre son béton. Et par extension tout type d'entreprise qui se met au e-business en faisant des contorsions invraisemblables (par exemple en modifiant toute son organisation).

En fait, pour le client, comme il faut bien se faire livrer ce béton, c'est souvent plus rapide de passer un coup de fil au commerçant de matériaux du coin.

Mauvaise traduction : « au claque et mourir ».

 

Cocos

Anciennement : abréviation populaire de « communistes ». Aujourd'hui : raccourci pour « consommateurs connectés » . Une expression qui aurait du théoriquement s'abréger « concons » mais cela frisait le politiquement incorrect, si ce n'est le kakemphaton (rencontre de deux sons qui produit un effet désagréable ; exemple : « Je suis Romaine hélas puisque mon époux l'est » , Corneille, Horace, première version, nous explique Claude Gagnière*.)

Le coco moderne dépense beaucoup plus que l’ancien et surfe sur internet, en général sur des sites de cul où il cherche fiévreusement comment aller plus loin sans donner son numéro de carte bleue, ce qui est extrèmement difficile mais il paraît qu’on peut y arriver. Le coco est suréquipé (téléphone portable, PC de poche, DVD, etc.) et passe son temps à régler les problèmes de connexion entre ses différents appareils.

* « Pour tout l’or des mots », Editions Robert Laffont

 

Cohabitation

Politique : Mutation génétique incontrôlée par laquelle deux hommes politiques opposés tentent de parler d'une même voix, dite gauche-droite ou droite-gauche, ce qui produit évidemment des couacs. En fait, il y en a toujours un des deux qui est vizir et l'autre qui veut être vizir à la place du vizir. Ca vous rappelle une bande dessinée, n'est-ce-pas ?

Les problèmes de cohabitation occupent 100% du temps des politiques, ce qui leur évite de se pencher sur les vrais problèmes, ceux qui intéressent les citoyens.

Technique : En informatique, la cohabitation ne marche soi-disant pas : on est Mac ou PC, Windows ou Unix, miniteliste ou internaute…On est exclusif par principe, parce qu'on ne fonctionne qu'avec des 0 et des 1. Dans la réalité, tout ça peut très bien marcher ensemble mais personne ne vous dit comment.

Voir 01.

Société : prélude au PACS

 

Con

Pas d'urgence à le devenir. Mais c'est dur. Surtout quand on voit les pubs des fabricants high tech.

 

Conjoncture

Rarement favorable depuis le début du 21e siècle. On ne fait plus de conjecture sur l'évolution de la conjoncture à cause de la conjonctivite dont sont affublés les analystes.

Ne fait que se retourner, ce qui donne des torticolis à tout le monde et  tout ce qui était vrai hier devient faux et inversement.

Voir Visibilité.

Contre-sens : réunion de cons. Quoique…quand les gens se réunissent pour parler de l’économie…

Antonyme : croissance.

 

Consultant

Jeune diplômé que vous payez très cher pour qu'il vous délivre au bout de six mois des informations que vous connaissez déjà et qui ne vous servent à rien. Cette espèce a envahi la high tech comme des lapins la garenne et ils y font autant de dégâts.

Plus le problème à résoudre est lourd, plus les consultant sont jeunes et nombreux. A partir de là, on a du mal à les distinguer les uns des autres. Y compris au niveau du sexe car rien ne ressemble plus à un consultant homme qu’un consultant femme : lunettes, cheveux court, costume gris. C’est une espèce hermaphrodite, voire asexuée. La preuve, un consultant ne rougit pas (il a toujours raison) et ne fait pas de blagues (il est interdit d’avoir le sens de l’humour quand on se prend si au sérieux).

Quand on les croise dans les couloirs (ce qui est rare car, la plupart du temps, ils sont enfermés dans vos bureaux où ils consultent internet à vos frais), ils ne disent jamais bonjour, ils sont déjà à l’autre bout du couloir (en fait, ils allaient aux toilettes) que vous vous demandez encore comment les aborder.

Le consultant a des yeux bleu acier insolents qui vous transpercent comme si vous n’existiez pas. La seule fois où il vous dit au revoir, c’est pour présenter une note salée, que vous préférez finalement lui régler pour éviter qu’il revienne.

Il parle un langage codé, rempli d’acronymes anglo-saxons : « Et votre R.O.I. ? et votre Ebitda ?... » Surtout, faites semblant de comprendre dès le départ, sinon il vous en sort plein d’autres.

Il ne travaille qu’avec le top management (en général, celui qui est au-dessus de vous) et ne rencontre jamais les salariés de base. Il aurait trop peur qu’ils lui disent la vérité, celle qu’il est censé découvrir après de longs mois d’études.

Les fournisseurs informatiques ont compris que ce métier était beaucoup plus rentable que de fabriquer des matériels ou des logiciels et ils cherchent tous à devenir des sociétés uniquement de consultants, le reste de l’activité étant sous-traitée en Inde.

Commentaire : En vacances à bord de son 4x4, un jeune homme s'arrête près d'un berger et l'interpelle : « Si je vous dis exactement combien vous avez de moutons, vous m'en donnez un ?  - D'accord, dit le berger. ». Le jeune homme déploie son antenne parabolique, branche son GPS, pianote sur son PC portable, calcule sur son tableur électronique pendant une heure puis annonce triomphalement : « 547 bêtes !  - Exact, dit le berger. » Le jeune homme choisit donc un bel animal dans le troupeau et le fait monter dans son 4x4. Au moment où il s'apprête à partir, le berger lui dit : « Et si je devine votre métier, vous me rendez ma bête ? - D'accord ! dit le jeune homme, sûr de lui. - Vous êtes consultant ! dit le berger. - Ça alors, demande le jeune homme interloqué, comment l'avez-vous deviné ? - C'est simple, dit le berger. Vous êtes venus me voir sans que je ne vous aie rien demandé. Vous avez mis des heures à trouver quelque chose que je savais déjà. Et, en plus, vous ne connaissez rien à mon métier : la bête que vous avez prise, c'est mon chien ! »

 

Contribuable

Le mot anglais est beaucoup plus direct : taxpayer, payeur d'impôts. On France, on ne paie pas d'impôts, on contribue au bien-être général. Ce qui explique sans doute le manque de réaction des Français sur ce sujet : s'ils savaient qu'ils paient beaucoup d'impôts, en gros plus que partout dans le monde, peut-être se laisseraient-ils un peu moins faire. C'est la même chose avec les technologies de l’information : si l'utilisateur savait…

 

Convergence

Littéraire, c'est une mode ; exemple : le phantasme converge avec le minimalisme pour donner des romans extraordinairement vides. Sexuelle, elle promet bien du plaisir. En économie, elle annonce plutôt des soupirs. La convergence de deux activités, c'est paraît-il une bonne affaire. Exemple : on va marier les télécoms et le multimédia. Résultat : les tuyaux saturent et le contenu se vautre. Certains grands patrons (voir J2M) se sont faits les apôtres de la convergence, ce qui leur permet de justifier les coupes claires ou les virages à 180° : tout ce qui n'est pas convergent est sacrifié. Gros avantage, ils sont les seuls à pouvoir décréter ce qui est convergent ou pas et çà peut changer d'un jour à l'autre, suivant leur humeur ou les cours de bourse, les opinions d'un consultant ou les prévisions d'un analyste. C'est dire si les objets de la convergence bougent souvent. De quoi en avoir mal aux yeux ! Pour le salarié, c'est simple : quand il converge, il a des stock-options, quand il diverge, il est vendu.

 

Cookie

Anciennement : petit gâteau sucré, qu'on acceptait avec plaisir. Aujourd'hui : petit fichier informatique drôlement salé, qu'il faut refuser avec véhémence.

Ces fichiers espions sont placés en douce sur votre disque dur par les éditeurs des sites internet que vous consultez. C'est ainsi que votre femme a pu vérifier que vous surfiez sur des sites porno quand vous lui disiez que vous étiez sur louvre.fr (Ceci dit… en cherchant bien…le côté déhanché de la Vénus de Milo…)

 

Coopétition

Néologisme particulièrement tordu, donc d’origine anglo-saxonne. Désigne un business complexe qui pourrait se définir comme la coopération entre compétiteurs, ce qui est un comble. Définit en fait toute forme d'entente entre concurrents qui se fait sur le dos d'autres concurrents, exclus du marché. Ces derniers sont appelés les cocus-du-deal.

Exemples : traité de Yalta, pot belge, marchés publics, etc ; ou bien, en informatique : Compaq travaille avec Digital puis le rachète pour concurrencer Hewlett-Packard ; puis Hewlett-Packard travaille avec Compaq et le rachète, etc.

Commentaire : en art de la guerre comme dans celui de l'économie, la coopétition précède souvent l'intégration. Si je ne peux pas tuer tout de suite mon ennemi (concurrent), alors je vais d'abord m'entendre avec lui et, ensuite, à la première occasion, je l’étoufferai (rachèterai). Si Intel ou Microsoft veulent faire de la coopétition avec vous, c'est pour mieux vous manger mon enfant !

 

Création de valeur

Quand une start up , surtout dans les nouvelles technologies, accumule les pertes par des investissements somptuaires et un chiffre d'affaires inexistant, quand elle attire plein d’internautes sur son site web parce qu’il flashe dans tous les sens, quand elle fait beaucoup parler d'elle et de son nouveau marché (par exemple : le conseil boursier fondé sur l'astrologie), alors elle crée de la valeur. Quel est le contenu exact de cette valeur? On ne sait pas mais c'est pas grave. La création de valeur fut sans doute l'expression la plus usitée pendant toute la période du mirage de l'économie internet et son symbole le plus représentatif : elle ne voulait rien dire mais tout le monde en parlait. Aujourd'hui, n'employez pas ce mot à tort et à travers car il vous fera du tort et on vous regardera de travers.

 

Crise

L'économie moderne est binaire. En-dehors des périodes de grandes catastrophes (guerre du Golfe, MonicaGate, 11 septembre, etc.), elle ne connaît que deux états : la croissance ou la crise. On lui prédit le boom ou la catastrophe. Dès que ça va moins bien, çà va forcément mal. Résultat : elle passe sans transition du miracle à la panique, alimentée par tous ceux qui ont tellement peur que la crise arrive qu'elle finit par exister, par anticipation.

Commentaire : Mais qu'ils sont frileux, ces cassandres* ! Un petit nuage à l'horizon et hop, les voilà qui rangent leurs billes, comme des gamins sur la plage qui, à la première goutte, partiraient s'abriter en courant. Résultat : no logo, no pub, no fric nulle part ! On n'a plus le droit d'avoir envie de quoi que ce soit. Circulez ! Fini de rêver, interdit de créer, plus rien à acheter. Ce qu'ils nous suggèrent, ces pauvres hères, c'est qu'on reste chez soi, terré sur son bas de laine, en évitant de respirer trop fort, des fois que çà se remarque. Pourtant, je ne sais pas si vous vous balladez, moi si, et partout où je vais, c'est bizarre, je ne suis jamais seul : il y a plein de marchands qui marchandent et de touristes qui touristent. Crise ou pas, çà troque à tout va, les gens se ruent sur les soldes, préparent les vacances ou la rentrée, bichonnent leur voiture. Alors, c'est quoi ce malaise vagal, ce catastrophisme viral qui veut nous faire croire que tout va mal parce que la bourse est fada, les analystes clonés et AOM en mal de liberté ? Il faudrait leur dire, aux pythies grelottantes, que l'économie n'est pas le TGV Méditerranée : s'il y a des hoquets ici et là, tout le monde n'est pas malade pour autant! Hélas, plus le business est high tech, plus les cassandres font « aie ma tête ! » Pourtant, internet ne vas pas fermer et les gens, les entreprises vont encore avoir besoin d'ordinateurs et de réseaux, de logiciels et de services. J'ai une idée : les entrepreneurs qui bougent devraient faire de la pub pour dire aux couards de croire davantage en eux ! Je verrai bien une affiche du genre : « Pendant que vous pleurez, nous on crée ! » Ou encore : « Les fripons frissonnent, les marchands marchent »… Bon, rassures-toi, maman, je crois que je ne ferai pas carrière dans la pub, je reste pianiste dans un bordel.

* catégorie regroupant en période de crise certains industriels, investisseurs, analystes, pubeux et communicateurs peureux, que je ne nommerai pas, pour éviter les procès.

 

Cyber

Préfixe désuet de tout ce qui, lié à internet, en fut comme doté d'une existence propre : cyberculture, cybercafé, cybersexe… Si on s'était rappelé que cyber vient de cybernétique, un mot d'origine grecque qui renvoie à la science du gouvernement des hommes, peut-être se serait-on gardé de toutes ces fausses nouveautés. Le cyber ayant beaucoup berné, devenons circonspect.

 

Défi

Dans le business : méfiez-vous de ce mot! Si un patron vous dit  « Nous continuons à faire face à de nombreux défis», traduisez  « On perd des ventes et on ne sait pas pourquoi ». Le défi précède de peu la réorganisation.

Analogie militaire : Aux défis d'avant-garde, succèdent les bataillons de synergies. Sous-entendu, quand on s'est planté devant, faut envoyer la troupe se faire massacrer.

 

Démarrer

Nom à hurler de rire du fameux bouton de Windows sur lequel il faut cliquer pour éteindre son ordinateur. Un truc pareil, fallait l'inventer ! Rappelons le mode d’emploi : la succession des propositions qui s'affichent à l'écran est la suivante : Démarrer-Arrêter-Redémarrer ou Arrêter-OK

Plus généralement, symbole de l'ambiguïté du monde digital, ou tout est à refaire continuellement. Bill Gates adolescent aurait été très marqué par Picasso qui disait: « Toute création est d'abord destruction ». Il croyait que Picasso était programmeur. Depuis, il rachète toutes ses toiles pour essayer d'y trouver le code secret d'un nouveau langage. Chut ! Ne lui dites pas que ce dialecte mystérieux, c'est celui de la peinture ! Expliquer la peinture à Bill Gates, c'est comme apprendre à un éléphant à biner des patates : d'abord, il aurait du mal avec ses grosses pattes et, surtout, il n'en verrait pas l'utilité.

 

Démocratie

On savait déjà qu'elle avait des hoquets dramatiques aux portes de la surpopulation. On sait désormais qu'elle piétine aussi devant la surmédiatisation. N'importe quelle cause en effet peut aujourd'hui rassembler n'importe où suffisamment de monde pour qu'on en parle dans les médias. Elle devient alors une tendance, voire un modèle, un paradigme, qui doit s'imposer rapidement à tous. Peu importe la justesse de la cause ou sa réelle représentativité, ce qui compte c'est la présence des médias au moment du rassemblement. Ainsi en est-il de la crise internet ou des PC mais aussi des chasseurs de palombes, des anti-mondialisation, des écologistes, des gay pride, des rave parties…

Ainsi en fut-il des First Tuesday, ces grands cocktails d'affaires qui réunissaient tous les premiers mardi de chaque mois les créateurs de start up, les capital-risqueurs… et les journalistes. On a cru que ces rendez-vous où l'on discutait levée de fonds autour d'un verre de champagne symbolisaient une nouvelle forme de business, à laquelle toutes les entreprises devraient sacrifier. Finalement, on s'est rendu compte que pour discuter sérieusement, une salle de réunion avec une longue table et des bouteilles d'eau minérale faisait aussi bien l'affaire, surtout si les journalistes n'y étaient pas invités.

Dans l'entreprise, la démocratie s'arrête également aux portes du président. Les livres vantent le management collaboratif, le travail en groupe de projets, l'intéressement des salariés au développement de l'entreprise, l'encouragement de toute initiative venant de la base ; dans la réalité, l'entreprise française est toujours dirigée par un patron de droit divin qui décide tout seul dans son coin en ayant fait semblant d’écouter ses collaborateurs. C'est un truc qui étonne beaucoup les anglo-saxons qui sont habitués à ce que chaque réunion de travail démarre par un ordre du jour et se conclue par une décision. Ils sont bizarres, ces Anglais !

 

Devis

Toujours dépassé. Comme les délais.

 

DHEA

Dehydroepiandrosterone

Médical : Hormone de croissance du démon de midi.

Informatique : La DHEA de l'ordinateur s'appelle Intel, qui nous pousse à changer de PC sans arrêt, en faisant des pubs à la télé.

Société : le principe de la DHEA s’applique bien à toutes formes de désirs humains ; on en veut toujours plus par principe, sans savoir ce qu’on en fera vraiment.

 

Digitalité

De digital en anglais : numérique. Ce mot n'existe pas vraiment ailleurs qu'en musique (où il exprime une certaine façon d'utiliser ses doigts, sans connotation sexuelle) mais il est appelé à un grand avenir : la digitalité, c'est le monde numérique avec tous ses paradoxes, ses avancées et ses confusions, c'est la société régie par l'ordinateur et qui oublie parfois de penser avant d'agir. « Tant de mains pour changer le monde et si peu de regards pour le contempler » disait Julien Green.

 

Dotcom

Aujourd'hui : symbole de la concision anglo-saxonne dans le néologisme. Un point, c'est tout.

Hier : emblème des start up internet.

En anglais, dot c'est le point et com c'est l'abrégé de commercial. Les dotcom sont donc des start up qui se sont créées en rajoutant .com à leur nom de société pour les transformer en adresses électroniques de site web et pour montrer qu'elles allaient tout casser sur internet. Elles n'ont rien cassé du tout, à part leurs beaux jouets et leurs rêves de milliardaires. La dotcom est désormais à ranger au rayon des antiquités de la digitalité.

A opposer à : dotcorp, comme Corporation, grande entreprise en anglais. Quand les grands groupes se sont mis, même du bout des doigts, à faire du business sur internet, les start up ont fait kaï kaï kaï. C'est comme au judo, les petits japonais ont été les meilleurs pendant des années jusqu'à ce que les gros européens s'y mettent.

 

Droite-Gauche

Voir Gauche-Droite.

 

e

La lettre la plus célèbre de la net économie : e, comme « electronic » en anglais et qui se prononce « i », à l’anglaise, comme internet. En écrivant en 1989 « La Disparition », roman de 300 pages sans la moindre lettre « e », Georges Pérec ne se doutait sans doute pas qu’elle prendrait sa revanche quelques années plus tard ! Le lipogramme (œuvre où l’on fait disparaître une lettre) a conduit au tautogramme (œuvre où l’on répète au maximum la même lettre). Tout fut donc « e » comme internet pendant quelque temps : le business, la culture, la musique, la banque, l’entreprise…Ce fut la fête à l’e. En fait de fête, ces œufs n’étaient pas frais. On se méfie de cette lettre aujourd’hui. Mais elle n’a sans doute pas dit son dernier mot. Déjà, il y en a 110 dans ce paragraphe !

 

e-business

Prononcez i-bizness. Toute forme de commerce électronique passant obligatoirement par internet ; en télématique, le minitel rose est plutôt du commerce où l’on nique.

Une entreprise qui se met au e-business change toute son informatique et commence par perdre beaucoup d'argent sans gagner des ventes, ce qui énerve ses cadres de cinquante ans. Ils se demandent pourquoi elle fait çà. Peut-être parce qu'elle est dirigée par des plus jeunes. Dans l’entreprise, le poste de directeur e-business est un super siège éjectable, c'est presque pire que directeur de la communication. Ne souhaitez pas une telle promotion même à votre pire ennemi, par exemple le jeune HEC qui vient de rentrer au marketing et qui prononce des mots bizarres comme portail d’entreprise et marketing one to one.

 

e-krach

Prononcez y-craque. Débâcle boursière des valeurs internet au début du 21e siècle. Petit épisode historique qui a fait couler beaucoup d'encre et quelques sociétés. Mais l’économie en a vu bien d’autres.

 

e-mail

Courrier électronique, mais pas plus intéressant pour autant.

Monopolise désormais 90% de l'activité des cadres au bureau : ils attendent un e-mail qui ne vient pas, ils téléphonent pour savoir si l'e-mail qu'ils ont envoyé est arrivé, ils essaient de déchiffrer un e-mail rempli de signes cabalistiques et quand ils se décident enfin à ouvrir la pièce jointe (le fichier attaché au message), ils découvrent trop tard que c'est un virus horrible en train de bousiller leur ordinateur. Ils doivent alors rester devant leur écran pour attendre la hot line, tout en se demandant combien d'e-mails ils vont louper pendant ce temps.

On a éventuellement le droit d'utiliser dans ses e-mails les abréviations et les dessins du chat, à condition de s'adresser à des gens susceptibles de les comprendre.

Sinon, l'écriture d'un e-mail obéit à certains rites : on ne dit pas bonjour ni au revoir ; on finit son message par l’affreuse maxime banale du jour et par un lien vers son site préféré ; on ne fait aucune mise en page. Bref, c'est une nouvelle forme de minimalisme brutal et prétentieux. Il aurait déplu à Voltaire qui écrivait à une correspondante : «  Je vous écris une longue lettre parce que je n'ai pas le temps de vous en écrire une courte. »

En français : mél ; mais personne ne l'emploie à part le journal Le Monde. Plus joli, chez les canadiens : courriel (contraction de courrier électronique).

Voir également PC de bureau.

 

Ebitda

Earnings Before Interests, Taxes, Depreciation and Amortization. Résultat avant frais financiers, impôts, provisions et amortissements. Une fois qu'on a enlevé tout çà, votre résultat est forcément positif, ou alors vous êtes vraiment nul.

Ce nouveau ratio financier permet à un grand groupe de faire croire aux analystes qu'il fait des bénéfices alors qu'il est en fait bourré de dettes, compte tenu de ses investissements aléatoires (voir J2M).

Dans les rencontres d'affaires, il est de bon ton d'aborder un confrère en lui demandant : « Et ton Ebitda, il mesure combien ? » S'il vous gifle, c'est qu'il a mal compris. Une entreprise qui a un mauvais Ebitda est d'abord dépitée, puis décapitée.

 

Ecologie

Quand elle est de gauche, elle vise à instaurer la primauté de la nature sur l'homme. Quand elle est de droite, c'est pareil, sauf qu’il ne faut rien changer. Au centre, ce mot n'a pas encore été découvert. Un internaute écologiste, c'est quelqu'un qui consulte le web dans un champ de blé bio sur un PC portable en carbone, alimenté par des piles recyclables ou un panneau solaire jetable.

 

Enfants

Vous connaissez la différence entre la science et la technologie, selon Michel Serres ? La science, c’est ce que le père apprend à son enfant. La technologie, c’est ce que l’enfant apprend à son père. On fait de moins en moins d’enfants et, pourtant, ils ont de plus en plus de choses à nous apprendre. C’est dommage. Grâce à eux, par exemple, on pourrait essayer de simplifier tous nos langages et leur préparer un monde meilleur : « Nous n'héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l'empruntons à nos enfants» dit le proverbe africain.

 

Entrisme

Technique relationnelle de l’agent double Mata Hari, visant à adhérer publiquement à un organisme ou un objectif tout en travaillant secrètement pour un autre. Très utilisé en politique et en économie.

Exemple : Jospin entre au parti socialiste tout en restant trotskyste. Chirac devient président de la république tout en continuant à diriger la mairie de Paris à travers un faux nez. Tel directeur d’un grand quotidien indépendant, que je ne nommerai pas, a des amis qui sont plutôt de la gauche singulière tendance extrême. Tel autre, que je ne blâmerai pas non plus, a des amis qui sont plutôt largement à droite de la droite.

Plus généralement : tout grand patron est un adepte de l'entrisme ; on croit qu'il travaille pour son entreprise, alors qu'en fait il ne travaille que pour lui. Ou bien, les salariés s’imaginent que leur patron bosse pour eux, alors qu'il ne jure que par son actionnaire. Peut-être même l’actionnaire de son actionnaire. Et, tout en haut de la pyramide, nous retrouvons les fonds de pension américains.

Voir J2M.

 

Erreur 404

Numéro du message qui s'affiche sur votre écran d’ordinateur quand le système ne trouve pas le site web que vous cherchez. Pourquoi ce numéro 404 ? Parce qu'il est joli et palindromique.

Par extension : tout ce qui n'aboutit pas malgré les espoirs qu'on y a mis. Exemple : « Cette fille (ou ce mec), c'est vraiment une erreur 404 ! ».

Par définition, toute start up est une erreur 404 jusqu'au jour où elle réussit. Mais ce jour-là n'est pas encore arrivé. D’ailleurs, les start up qui réussissent ne sont plus des start up, par définition. Ce sont des erreurs statistiques.

 

ERP

Entreprise Ressources Planning

Sigle phare du business moderne, que vous devez absolument connaître car il obsède tous les patrons.

C’est un logiciel qui planifie à votre place toutes les ressources de votre société, ce qui fait que vous êtres pieds et poings liés à un programme schizophrène qui essaie de faire marcher toutes les entreprises de la même façon, ce qui est quand même d’une incroyable audace.

Même si vous n’êtes pas dans la haute technologie, pour peu que vous vous intéressiez quelque peu à l’entreprise, vous ne pourrez pas échapper à ce sigle, car c’est l’une des plus grandes inventions du siècle, qui nourrit beaucoup de fournisseurs et de dépanneurs informatiques, compte tenu des dégâts qu’elle provoque dans l’entreprise qui l’utilise.

La seule qualité unanimement reconnue à l’ERP aujourd’hui est qu’il garantit des emplois à vie d’informaticiens (pour le comprendre, l’enseigner, l’installer, puis immédiatement recevoir la nouvelle mise à jour, et donc à nouveau comprendre, enseigner…etc.).

Une fois que vous avez installé un ERP dans votre société, vous êtes tranquille, tous vos problèmes informatiques ne viendront plus que de lui. D’où le mauvais jeu de mots en français : ERP= Echec Récurrent Programmé.

Voir SSII.

 

Euro

Unité moderne de mesure monétaire obligeant à calculer en centièmes comme il y a 50 ans. Le passage à l'euro a été le plus gros chantier informatique inutile du siècle. Les entreprises, les gouvernements, les commerçants ont dépensé des sommes pharaoniques, simplement pour déplacer une virgule et diviser par un nombre comportant une quantité invraisemblable de décimales. On a créé et vendu très cher des logiciels qui se contentaient de faire une seule opération arithmétique. Et, comme les taux de TVA restent extrêmement différents d’un pays européen à l’autre, les consommateurs ne pourront toujours pas comparer réellement les prix. En plus de l’euro-calculette, il leur faudra l’euro-convertisseur de taxes. L’Euroland, comme disent les américains, n’est finalement qu’une zone géographique virtuelle qui va utiliser la même monnaie en continuant de parler dans toutes les langues. Heureusement, il y a les Anglais, qui ne font jamais rien comme les autres. « Chaque Anglais est une île » disait Oscar Wilde.

 

Europe

Déesse de l'union ; mythe économique principal de la deuxième moitié du 20e siècle. Il n'y a quasiment plus d'industrie européenne de la high tech, les seuls qui ont encore un peu d’avenir étant les dépanneurs. Chaque fois qu’une industrie se développe en Europe, dès qu’elle atteint un niveau de grande consommation, elle est récupérée par des pays à bas salaires qui font la même chose moins cher. Et les pays européens doivent alors l’abandonner et inventer une nouvelle industrie. Mais, après l’échec des start up internet, le taux d’innovation s’essouffle. Il ne reste plus que le tourisme en France qui puisse résister à la concurrence, parce que c’est difficile d’imiter la Cote d’Azur. Le luxe, lui, a des problèmes car on peut l’imiter très bien. Quant au Concorde, personne n’a envie de le copier.

Voir SSII.

 

Externalisation

Avant, quand un patron ne savait pas comment résoudre un problème, il l’évacuait (en le confiant à un collaborateur). Aujourd’hui, il l’externalise (en le confiant à quelqu’un de l’extérieur). Ca coûte aussi cher qu’avant mais, au moins, on sait pourquoi et on se dit qu’on peut couper les vivres à tout moment : c’est toujours plus facile de virer un fournisseur qu’un employé.

Le principe est global : dans une entreprise, tout est externalisable, sauf le patron. C’est ainsi que l’entreprise devient peu à peu virtuelle : plus d’usines, plus de comptabilité, plus d’informatique, plus de salariés, plus de bureaux, rien que des idées et un patron, tout seul peut-être mais peinard.

Si vos idées s’externalisent, c’est qu’on vous pirate. Les entreprises qui acceptent de recevoir des activités et des personnels externalisés sont en général subventionnées parce que c’est moins cher de payer ces subsides que des allocations chômage.

 

Famille

Recomposée ou monoparentale. Cellule typique de la vie moderne : un ou deux enfants mais un seul parent ; un couple homosexuel désirant un enfant est une sorte de clone dédoublé de la famille monoparentale.

Plus généralement : la famille monoparentale est le symbole d'un courant d'idée proche de l'oxymore qui tente d'accoupler des concepts opposés : la croissance et l'égalité, la liberté et la morale, la jouissance et la sécurité, le sport et l'éthique, la télévision et la qualité, Chirac et Jospin, Windows et la facilité, etc. En réalité, il y en a toujours un qui gagne au détriment de l’autre.

 

Fonds de pensions

Ces organismes financiers ont de très gros portefeuilles d’actions et chassent les plus-values, qui assurent les pensions de retraites de ses membres. Ils sont réputés être les actionnaires les plus influents de l'économie mondiale. En fait, c'est faux, l'actionnaire le plus influent, c'est le hasard. Mais surtout ne le répétez pas !

Toutes les grandes entreprises du monde occidental ont une part non négligeable de leur capital entre les mains de ces caisses de retraites, qui interviennent à tout moment sur les cours de bourse avec des sommes considérables et selon des principes incompréhensibles. Ainsi, même avant le 11 septembre, la caisse de retraite des pompiers de New York était réputée être un des opérateurs mondiaux les plus active sur les mouvements en bourse.

Depuis la déconfiture internet, ces sectes anglo-saxonnes cherchent un nouveau dieu à adorer à la place de leur ancienne idole, le Dvidende, brûlé par les start-up.

Le membre typique des fonds de pensions, la ménagère de Wichita (Kansas, épicentre des Etats-Unis) a remplacé la veuve de Carpentras dans les archétypes de la finance. On n’a pas gagné au change.

 

Fonds secrets

Argent en espèces versé aux ministres pour qu'ils puissent prendre des vacances en famille et acheter des billets d'avion. Si c'est chez Air France, alors les billets sont offerts.

Plus généralement : tout le monde a des fonds secrets, les entreprises, les mairies, les casinos, Microsoft…Mais quand la firme de Bill Gates arrose les partis, c'est à l'américaine, en toute transparence et c'est marqué dans les comptes: quel merveilleux pays !

 

Fluctuations des changes

En économie, bouc émissaire traditionnel pour cacher de mauvais résultats. Quand un grand groupe dit « Nous avons pâti en Europe des fluctuations de change » , cela signifie en clair « Nos résultats sont mauvais partout dans le monde.»

 

Freeware

Machin gratuit.

En informatique tout est quelquechose-ware. Le logiciel, c’est doux , c’est du soft-ware. Le matériel, c’est dur, c’est du hard-ware. Quand c’est un peu des deux, c’est au milieu, donc çà s’appelle… Middle-ware! Quand c’est fumeux (un discours marketing par exemple), on appelle çà du vapor-ware, le truc qui vous donne des vapeurs tellement c’est creux. Les gens qui fabriquent du middleware ont un peu le cul entre deux ware (votre bidule, là, c’est du matériel ou c’est du logiciel ?). Ils ont du mal à savoir ce qu’ils font et, surtout, ils ont du mal à se faire comprendre,  alors ils font du vaporware.

Dans ces conditions, il fallait inventer le tout gratuit et ce fut fait avec le freeware. C’est un logiciel fabriqué par un bidouilleur dans son coin, qui fait la même chose qu’un programme vendu très cher par un grand éditeur de logiciels, mais lui, il est gratuit et téléchargeable sur internet. C’est comme çà que çà marche, la vie sur le net. Enfin, c’est comme çà que çà marchait.

Heureusement, on se retrouve vite dans un terrain connu : il y aussi en freeware des logiciels pleins de bugs et qui ne servent à rien. Quand il faut le payer un peu, on l’appelle le share-ware, le machin qu’on partage en donnant son obole. Un côté échangiste, en quelque sorte. Le risque est le même, la jouissance en moins.

 

Fusac

Abréviation de fusions-acquisitions. Sorte d'agitation brownienne de l'univers des affaires, par laquelle toute entreprise est tour à tour proie ou prédateur. Pour le salarié, la fusac lui pète toujours à la gueule comme une fusée mal réglée; pour l'actionnaire, au contraire, c'est un feu d'artifice qui fait grimper en flèche les cours de ses valeurs dans le firmament étoilé de son ambitieux portefeuille.

 

Gauche-Droite

Militaire : Marche en avant. Politique : surplace (un pas en avant, un pas en arrière). Technologie : inconnu ! La technologie va toujours de l'avant, paraît-il.

Voir Droite-Gauche.

 

Globalisation

En théorie de management : méthode marketing permettant de transformer un échec local en succès planétaire. Quand vous ne réussissez plus sur un marché national, dites que vous avez une stratégie globale et les banquiers vous croiront. Peut-être.

Commentaire : Vous pouvez être un nain local, qu'ils disaient, mais, grâce au net, vous serez un géant de la planète. En fait, si on est gros et mondial, on a encore plus de chances d'être global plus vite. Le global, c'est le grand bal des gros bras. Et pour les glands : peau de balle ! Avec la globalisation, plus vous êtes connu et riche, plus vous avez de chances de l'être encore plus ; plus vous êtes petit et pauvre, plus vous avez de chances de vous casser la gueule plus vite,.

La question de fond est : le camembert peut-il être global ?

Voir également : J2M et Mondialisation.

 

GPS

Technique de localisation par satellite qui aurait dû s'appeler GPT mais un consultant à trouvé que GPS c'était mieux parce que çà rimait avec PS, comme post-scriptum.

 

Hacker

De l'anglais to hack : trancher dans le vif du sujet, lequel en général ne s'en remet pas.

Jeune pirate sur internet qui, plus tard, devient conseiller en (in)sécurité de l'information dans les grandes entreprises. Moins le hacker a fait d'études, plus il est doué pour faire des dégâts.

Le premier hacker de l’histoire était programmeur dans une banque et faisait virer sur son compte les arrondis de centimes de chaque transaction. Quand sa magouille a été découverte, par hasard, la banque a préféré transiger avec lui : il était impossible de retrouver et de rembourser les millions de comptes qu'il avait grugé de quelques décimales. C'est ainsi qu'il est devenu l’un des grands spécialistes mondiaux de la sécurité. Mais il a aussi lancé le mythe de ces pirates modernes qu'on regarde encore avec indulgence comme s'ils étaient les fils d'Arsène Lupin alors qu'ils sont peut-être financés par des terroristes, va savoir !

On est fasciné par leurs prouesses technologiques, intrigué par le mystère de leur personnalité psychologique, admiratif de leur audace sans bornes (« Quand la borne est franchie, il n'y a plus de limites » disait Pierre Dac). Bref, beaucoup d'ingrédients dans le scénario pour en faire des héros modernes. La réalité est, comme d'habitude, plus terre à terre : la plupart des hackers cherchent à se faire connaître par un coup d'éclat pour ensuite mieux vendre leurs compétences. Dis-moi comment tu pirates et je te dirai quel job je peux t'offrir.

 

Harcèlement

Au départ sexuel, puis moral, mais toujours textuel et médiatique, le harcèlement s'étend aujourd'hui à de nombreux domaines de l'économie et de la technologie. Intel nous harcèle avec un nouveau microprocesseur tous les six mois. L'Etat nous harcèle avec ses réglementations. France Telecom nous assomme avec ses pubs. Le téléphone mobile nous poursuit jusque dans les W.C. (c'est marrant, c'est toujours quand je suis aux toilettes que mon portable sonne !). Nous sommes tous des harcelés en puissance. La pression de la pub et de la communication se traduit par un harcèlement textuel et multimédia, dans vos e-mails, sur votre téléphone portable, etc.  En selle, Marcel, monte sur ta haridelle et mange des varicelles pour échapper à tous ces harceleurs receleurs!

 

Haut débit

Haut dépit. Transmission plus rapide des erreurs. Quand les grands groupes high tech affirment « Le haut débit est l'avenir d'internet et des télécoms », traduisez par « Ca va se planter deux fois plus vite ». Personne n'a vraiment besoin du haut débit, à part les sites de cul et les vendeurs de boissons. Plus sérieusement, on évoque le haut débit (sous-entendu : de la transmission des informations) quand on cherche un avenir possible au web et aux téléphones portables, réputés aujourd'hui trop lents : en fait, on a déjà du mal à digérer tout ce que ces bidules nous offrent, alors qu'est-ce que ce sera quand ils iront deux fois, non dix fois, plus vite ! Tout le monde s'intéresse à la quantité d'informations qu'on peut envoyer en un temps donné et à la taille des tuyaux nécessaire pour les acheminer, personne ne se préoccupe du temps qu'il faudra au récepteur pour digérer tout çà ! C'est ce qu'on appelle une industrie tirée par l'offre : peu importe la capacité du demandeur, ce qui compte c'est de lui en donner toujours plus parce que, de toute façon, on ne peut pas faire autrement. C'est l'éternelle fuite en avant imposée par l'économie de croissance. L'utilisateur des nouvelles technologies est vu comme un ventre sans limites.

 

High tech

Contraction de high technology, haute technologie, sous-entendu de l’information. La ou le high tech, c'est tout ce que vous ne comprenez pas quand on vous parle informatique. Rassurez-vous, ceux qui vous en parlent n'en savent pas plus.

 

Hot line

Littéralement : ligne chaude.

En général : service à caractère sexuel.

En informatique/télécoms : service d'assistance téléphonique 24h sur 24 (sauf le matin, l'après-midi et le soir), 7 jours sur 7 (sauf le lendemain des jours où on ne travaille pas).

Commentaire : D'abord la hot line vous coûte 2,23F la minute pendant que vous écoutez Vivaldi vous répéter que vous êtes le numéro 145 sur la liste d'attente et qu'un conseiller vous prendra au mieux dans 3240 secondes.

Ensuite, quand un technicien décroche parce qu'il s'est trompé de bouton, il vous fait immédiatement écouter au choix l'un de ces trois arguments préenregistrés sur une bande sonore:

1/ C'est de votre faute, vous avez fait une fausse manip, recommencez tout depuis le début et ne rappelez que si le problème persiste, ce qui est impensable.

2/ Il est désolé, c'est leur serveur qui est en mise à jour, ils sont en train de le bichonner, cela ne prendra qu'une petite dizaine de jours. Rappelez à ce moment-là.

3/ Chez eux, tout est OK : c'est donc forcément Machin, votre logiciel (PC, système d'exploitation, téléphone, modem, etc., rayez la mention inutile) qui ne fonctionne pas, d'ailleurs ça arrive souvent avec Machin, il faut les appeler directement. - Vous avez le numéro ? - Non, je n'ai pas le numéro, consultez votre documentation, merci, au revoir, il y en a plein d'autres comme vous qui attendent.

C'est alors seulement que vous souvenez du proverbe chinois : « L'expérience est une lanterne accrochée dans le dos qui n'éclaire que le chemin parcouru. » Et comme dirait Pierre Dac, si vous vous retournez sur votre passé, alors l’avenir, vous l’avez dans le dos.

 

Implication

Hier , dans l’entreprise, on cherchait votre adhésion, il fallait vous motiver par le système classique carotte-bâton, de manière à ce que vous vous sentiez concerné. Aujourd’hui, on cherche à obtenir de vous une implication, garante de votre intégration dans un corps social formé par adhésion. Vous n’avez rien compris, n’est-ce pas ? C’est normal, çà, c’était le discours des sociologues. Je vais vous le raconter l’histoire plus simplement : vous connaissez la différence entre « être impliqué » et « être concerné « ? Facile ! Prenez une poule, prenez un cochon et préparez des œufs au bacon: dans les œufs au bacon, la poule est concernée mais le cochon est impliqué !

 

Informatique

Alliance d'une science inexacte et d'une activité humaine faillible.

Egalement : Technique extraordinairement longue et coûteuse pour transformer un système d'information simple, stable et opérationnel en un ensemble flou, en perpétuelle évolution et complexe, réalisant de nombreuses fonctions inutiles, et bourré d'erreurs dans la réalisation de celles qu'on lui avait demandées. L'histoire des techniques modernes nous aura au moins appris une chose : l'ordinateur ne corrige pas l'homme, il ne fait qu'amplifier de manière exponentielle ses défauts et ses qualités. Voir loi de Moore.

D'où l'adage populaire : « L'informatique, çà ne marche jamais. »

 

(In)sécurité

Pain bénit des élus et des consultants. Quand on n'a pas d'idées, on évoque les «problèmes de sécurité » et çà met tout le monde d'accord. Thème unique de toute campagne politique et obsession des webmestres de sites. Même si on risque moins d'être occis par les « bricons » dans la Forêt de Saint-Leu aujourd'hui qu'il y a deux ou trois siècles, même si c'est la route et pas les voyous qui tue des dizaines de milliers de gens par an, on continue à mettre l'insécurité en avant pour agiter les foules. Sur internet, c'est à peu près la même chose : le client hésite à donner son numéro de carte bleue alors qu'il a une chance sur mille milliards d’être piraté. Et s'il l'était, il aurait plein de recours légaux à sa disposition. Mais le piratage de sites, c'est un beau sujet et tous les médias en parlent.  Ce qui est dur à admettre c'est qu'un système informatique, par définition, n'est jamais sûr. Alors, osez donc vous poser la question qui tue : « La vie, elle-même, est-elle vraiment sûre ? » Peu à peu, tout est devenu risqué : la religion, le sexe, l'automobile, le sport, le coca light, la vache… Même rester immobile est peut-être dangereux.

 

Intel

Prononcez inn'telle. Si vous dites Untel, premièrement vous ne faites pas sérieux car on se demandera de qui vous parlez si vous affirmez « C’est Untel qui domine le monde des composants électroniques » ;  deuxièmement, le Untel en question vous fait un procès immédiatement, il a une armée d'avocats qui ne servent qu'à çà.

Intel, l'empereur des microprocesseurs, le sponsor favori de Microsoft. Passe son temps à proposer des puces mémoire et processeurs deux fois plus puissantes et deux fois moins chères qu'avant et qui sont immédiatement utilisés par Microsoft pour ses nouvelles versions de logiciel qui prennent deux fois plus de place. Ce qui fait qu'en final, l'utilisateur paie toujours le même prix pour faire la même chose mais il est content, il a une machine deux fois plus performante.

Un des patrons d'Intel, Andy Grove, a bien décrit l'ambiance de son industrie dans un livre intitulé : « Seuls les paranoïaques survivent ». Bill Gates, le patron de Microsoft, l'a pris au mot. Depuis, il paraît que Grove et Gates ne communiquent plus que par pigeon voyageur interposé, porteur de petits mots écrits à la main dans une encre invisible. Et quand le pigeon arrive, le récipiendaire lit le mot et avale le tout (le pigeon aussi). Parfois, il se trompe et mange un corbeau envoyé par un concurrent. Ce jour-là, Grove et Gates n'inventent pas de bons produits. On dit que c'est comme çà qu'est né Windows.

 

Internaute

La seule quantité qui évolue de manière positive sur internet. Faut dire que dès que vous cliquez par hasard sur un écran, vous êtres immédiatement comptabilisé. Du coup, plus on parle des échecs de la toile, plus le nombre d’internautes augmente. Autrement dit, moins il y a de choses nouvelles à voir sur le web, plus çà intéresse les gens. Finalement, c’est un peu comme la télé ! Internaute a la même caractéristique que informatique ou poubelle, c’est un mot spécifiquement français.

 

Internet

Vieux réseau d'ordinateurs, lent et non sécurisé, aussi poussiéreux qu'une toile d'araignée, sur lequel, par un mystère inexpliqué, personne n'a rien payé pendant des années.

Construit dans les années 1970 par des militaires américains devenus toxicomanes pendant la guerre du Vietnam et qui avaient peur que les russes piratent leurs gros ordinateurs, il est aujourd'hui beaucoup utilisé par les pédophiles et les hackers. Egalement par les cadres qui, au bureau, s'envoient des blagues cochonnes par e-mail, consultent des sites pornographiques et font leurs courses dans des magasins virtuels dont les pages web sont aussi attrayantes que les cours de bourse dans La Tribune.

Bizarrement, c’est le seul produit au monde à obéir à cette règle : plus il suscite d’interrogations sur son avenir, plus il a d’utilisateurs.

En France, pendant longtemps, les rares entreprises qui s'en servaient préféraient ne pas le dire à leurs clients, qui les croyaient sérieuses, donc branchées sur minitel. Aujourd’hui, comme ça devient difficile de ne pas utiliser internet, elles cherchent la solution en faisant appel à des consultants. Et, là, évidemment, elles n’ont pas fini de rigoler.

 

J2M

Initiales américanisées de Jean-Marie Messier, patron pendant quelques années du début du 21e siècle du conglomérat Vivendi Universal. Egalement espoir des obèses car c'est l'un des rares petits gros à la main moite, avec Gérard Jugnot, à être devenu une star médiatique. D'ailleurs, il fait comme Johnny Hallyday, il maigrit régulièrement avant de grossir.

De J2M, on est passé successivement à J4M (Jean-Marie Messier Moi-Même), puis J6M (rajoutez Maître du Monde) puis J8M (Merde à Murdoch, autre ogre de la communication). Un concours est en cours pour les deux M suivants, sans gros mots SVP.

Ce spécialiste de la communication et de l'ingénierie financière est capable de fabriquer de toutes pièces une grande entreprise par une succession rapide de rachats et de ventes de sociétés n’ayant rien à voir les unes avec les autres, tout en faisant croire aux analystes qu'elle a un vrai projet global.

Son slogan préféré : « Je veux être numéro un mondial ». Pourquoi ? Personne n'en sait rien, mais c'est pas grave, tout le monde s'en fout, sauf les médias. « Il suivait son idée. C'était une idée fixe et il était surpris de ne pas avancer »  disait Jacques Prévert. Pas de pot, J2M avance, lui et plus vite que son ombre et que la plupart de ses collaborateurs, toujours en retard d’un dossier. Il est déterminé à aller plus vite que les autres dans une direction que lui seul connaît..

Ce qui est important chez J2M, ce n'est pas ce qu'il dit, c'est l'adorable façon dont il le dit, ce gendre idéal, avec sa figure pouponne de bébé rose et ses yeux bleus d'une franchise impénétrable. Avez-vous remarqué l'ambiguïté des yeux bleus ? Quand ils vous fixent, on ne sait jamais s'ils expriment le vide ou l'intelligence. Tout ce que dit J2M est frappé au coin du bon sens et de l'évidence, qui est le coin le plus prisé de Monsieur-Madame Tout-le-monde à qui il s'adresse exclusivement. La vérité, qu'il n'osera jamais vous avouer tout de go, c'est qu'il se marre drôlement plus avec le cinéma et la musique qu'avec les tuyaux d'eau qui constituaient l'activité principale du groupe avant qu'il n’y remédie. Evidemment, avec les tuyaux d'eau, ce qui est bien, c'est qu'on peut arroser tout le monde, les mairies, les conseils généraux, les entreprises de BTP, etc. Avec les tuyaux d’internet, il essaie de faire pareil, mais apparemment, çà fonctionne moins bien. Forcément, me direz-vous, un portail, ce n'est pas un rond-point… Bon, pour ceux qui ne comprennent pas : les portails, c'est les sites web que J2M essaie de lancer partout et qui ne rapportent pas un rond ; les ronds-points sur la route, c'est ce que vous avez vu fleurir dans toutes les communes depuis quelques années et qui ne correspondent à aucune stratégie particulière d'urbanisme, ils sont simplement la conséquence d'un marché public remporté : donne-moi ton marché et je te ferai un rond-point.

 

Jésus

Prédécesseur de Mahomet pour la majorité des croyants dans le monde. Pour les autres, ancêtre de Bill Gates mais qui a fait moins de miracles.

 

Jeu vidéo

L’aventure a commencé avec Pong, en 1972, un jeu de tennis sur écran Atari, qui vous ferait hurler de rire si vous le revoyiez aujourd’hui. Depuis, hélas, des générations de jeunes et de moins jeunes se sont abîmés les yeux, les mains et le rythme cardiaque à manier toutes sortes de manettes à toute vitesse, pour faire bouger des objets bizarres dans des univers glauques et violemment sonores, où il s’agit essentiellement de flinguer les autres avant de se faire avoir. Les accros au jeu vidéo jouent en réseau, tout le temps, la nuit de préférence, parce que les communications sont moins chères. Le matin, les parents trouvent qu’ils ont une sale mine. L’après-midi, on les reconnaît facilement, ils forment la moitié de la classe qui dort sur le bras droit. L’autre moitié, qui dort sur le bras gauche, ce sont ceux qui ont fumé des joints. S’il y en a qui dorment sur les deux bras, c’est qu’ils ont joué et fumé.

En fait, mes recherches personnelles placent l’origine définitive des combats de jeux vidéo chez Homère. L’Iliade, en effet, n’est qu’une succession de duels dans lesquels les deux combattants s’affrontent pendant des heures jusqu’à ce que, sur un coup particulièrement tordu, l’un des deux (c’est-à-dire l’adversaire d’Achille), s’effondre en hurlant. Alors, toutes ses armes tombent à terre dans un grand bruit, Achille les récupère pour pouvoir les revendre et il revient triomphalement au camp.

 

Jeunes

Entre ceux qui refusent de ne plus l'être et ceux qui ne le seront jamais, c'est de plus en plus difficile de vieillir.

Les jeunes du début du 21e siècle sont bizarres car ils aiment à la fois l'argent et les loisirs.

Les autres créent des start up ou relisent Boris Vian : « Je ne veux pas gagner ma vie : je l'ai ».

 

Jeunes des quartiers

On disait autrefois voyous des banlieues ; adolescents brimés par la police qui les empêche de faire ce qu'ils veulent. Pour les aider, on pense développer des cybercafés : ainsi, ils pourront brûler des micros plutôt que des voitures, c'est moins cher.

Voir Quartier sensible.

 

Jeunisme

Politique : Virus développant une tendance à protéger systématiquement les vendeurs de drogues qui organisent les raves techno.

Economie : Virus tendant à faire croire aux financiers que des créateurs de start up ont autant d'expérience que des vieux loups du business. La maladie est en train d’être éradiquée, les vieux reprennent le pouvoir. Ce n’est pas une bonne nouvelle.

 

Journaliste

Etre hybride accusé, depuis Henri Béraud, soit de parler de ce qu'il ne connaît pas, soit de taire ce qu'il sait. (Note du relecteur : il est politiquement incorrect de citer Henri Béraud). On peut préférer le jugement de La Bruyère : « C'est une grande misère de n'avoir pas assez d'esprit pour bien parler, ni assez de jugement pour se taire. »

En haute technologie, le journaliste fait de hautes erreurs. Plus il est spécialisé, moins il sait, car selon Bernard Shaw : « Les spécialistes savent de plus en plus de choses dans des domaines de plus en plus restreints : à la limite, ils savent tout sur rien. »

Bon, allez, on arrête là le massacre, c'est trop facile ! Et puis, je vais vous faire une confidence : journaliste, c'est le plus beau métier du monde. On est invité partout, on vous regarde avec respect, on vit comme un pacha grâce à ses notes de frais, personne n'a le droit de vous demander où vous êtes ni de qui vous tenez cette foutue info et tout ce que vous écrivez avec amour n'a aucune importance, car un article chasse l'autre. C'est pour çà qu'il y a tellement de journalistes qui se mettent à écrire des livres…Ils aimeraient bien que le monde se souvienne d'eux.

 

Lara Croft

Mensurations : 90D-60-90. Signe particulier : pistolet 9 mm. Première grande héroïne virtuelle des jeux vidéos (Tomb Raider), créée en 1998. Dotée d’un regard langoureux et d’une poitrine avantageuse, elle a fait rêver tous les ados boutonneux, avec la bénédiction de leurs parents, à qui ils foutaient la paix pendant ce temps. Peu à peu, on lui a bâti une vraie histoire (elle est née en 1968, la pauvre, elle commence à se faire vieille !) et elle a fini par être interprétée au cinéma par une vraie actrice, si l’on peut dire, Angelina Jolie. Un être humain devient le clone d’un personnage vidéo. Cet aller-retour entre réel et virtuel est un des grands symboles de la schizophrénie galopante et du mélange des genres qui caractérisent notre époque : vie, rêve, télé, vidéo, on ne sait plus quel est le monde réel et quel est le monde fabriqué. Et d’ailleurs, y-a-t-il un monde réel ?

 

Levée de fonds

Dans la high tech, avant, on ne courait pas après des prêts de banquiers pour financer son développement, on autorisait des investisseurs à participer à votre tour de table et à votre levée de fonds pour leur donner la joie de vivre une aventure unique (c'était effectivement rare que cela se reproduise une deuxième fois). Depuis quelques temps, bizarrement, la levée reste au fonds et, autour de la table, ce sont plutôt des mains qui se lèvent pour poser des questions saugrenues, comme : « Expliquez-moi donc plus en détail, cher ami, comment vous allez faire ces fameux bénéfices en trois ans… ».

 

Loana

Lara Croft en blonde et en chair. L’héroïne de l’émission Loft Story,  un vieux souvenir de 2001, s’était fait remarquer à l’époque par une dentition à refaire et par une scène très chaude dans une piscine. «  Mais que se passa-t-il réellement sous l’eau ce soir-là avec Jean-Edouard? Y-a-t-il eu rapport ou pas ? Et si oui, protégé ? (ce qui dans l’eau n’est pas évident) » furent les grandes questions métaphysiques que se posèrent tous les Français pendant des semaines, alors que Chirac et Jospin essayaient de les intéresser à leurs premières disputes pré-électorales.

 

Loft

Autrefois : garage réaménagé très cher pour faire croire qu'on est cool.

Aujourd'hui : synonyme de télé poubelle ou de télé réalité, selon les points de vue, grâce à l’émission Loft Story de M6, qui fit sensation dans les années 2000. C‘était effectivement la première réalisation véritablement multimédia puis qu’on en parla dans tous les médias et qu’on pouvait en voir des petits bouts (de seins) sur internet et à la télé.

On attend pour bientôt la création d'un nouvel éditeur qui s'inspirera de la télé poubelle et fera des logiciels gratuits pour tous les publics, qui ne serviront à rien d'autre que de les empêcher d'aller voir ailleurs. Il pourrait s'appeler MicroLoft.

 

Logiciel

Programme informatique rempli de bugs. Plus un logiciel est cher, plus il a de fonctions mais, bizarrement, moins il fonctionne. Un logiciel, c'est comme un magnétoscope : il n'est utilisé en moyenne qu'à 10% de ses possibilités. Et, en plus, on ne peut pas mettre de cassette vidéo dans un logiciel. Si on peut le faire, cela s'appelle du piratage.

 

Logique

En théorie, base de l'informatique. Il n'y a rien de plus logique en effet que 0 ou 1, noir ou blanc, le courant passe ou ne passe pas. C'est le principe de l'exclusion. En fait, de même que l'amour, l'ordinateur utilise largement la logique floue qui, comme son nom l'indique, n'est pas très nette. Si on y ajoute une virgule flottante et des mémoires à accès aléatoire, on comprend qu'il puisse s'y passer des choses bizarres.

C'est comme dans l'histoire de l'aquarium qui circule ces temps-ci sur le web: « C'est quoi la logique, demande un belge à un ami. - C'est simple, je vais t'expliquer : tu aimes les aquariums ? - Ben…oui ! - Si tu aimes les aquariums, tu aimes les poissons ? - Oui. - Donc, tu aimes la nature ? - Oui. - Donc, les hommes ? - Oui. - Donc, les femmes ? - Ben, oui. - Voilà, si tu aimes les aquariums, tu aimes les femmes, c'est çà la logique ! » Ravi, le belge se retrouve dans un dîner mondain quelques jours plus tard et, voulant briller, dit à son hôte : « Voulez-vous que je vous explique ce qu'est la logique ? - Eh bien, pourquoi pas ? répond l'hôte, surpris. - Aimez-vous les aquariums ? - Non, répond l'hôte. - Donc, vous êtes pédé ! C'est çà la logique ! »

 

Mac

Dans le temps, un mac, c’était un maquereau, qui gagnait sa vie avec les prouesses de ses filles Aujourd’hui, c’est un Macintosh, l’ordinateur d’Apple qui tente de survivre face à la déferlante du PC., en vous promettant les plus belles prouesses. Les Français, toujours singuliers, sont ceux qui, dans le monde, ont la plus grosse proportion de Mac. Du coup, dans toutes les salons, réels ou virtuels,  où l’on cause bit et octet, les fans de Mac continuent à s’opposer aux mordus du PC. Les pauvres ! Dans un cas comme dans l’autre, ils se sont bien fait avoir par une machine qui leur prend tout leur temps! En plus, mais surtout ne le répétez pas, il n ‘y a plus aucune différence aujourd’hui entre les deux ! Trois quarts des composants sont identiques et elles utilisent les mêmes logiciels. Mac ou PC c’est blanc bonnet ou bonnet blanc. Mais on continue de croire qu’on a le choix et çà fait du bien, surtout au portefeuille d’Apple.

 

Mainframe

Gros ordinateur créé pendant la deuxième guerre mondiale pour décrypter les codes secrets des armées. A l'époque, les experts pensaient qu'un ou deux exemplaires de ce type de machines suffiraient pour le monde entier. Dans les années 80,  les mainframes devaient être remplacés par des myriades de petits. Mais, bizarrement, plus il y a de micro-ordinateurs, plus il faut des gros pour les connecter, stocker leurs infos et mettre un peu d'ordre dans tout çà. On prédit régulièrement la mort du mainframe. Ca fait bien rigoler IBM (9 milliards de dollars de bénéfices).

 

Manageur

Petit tyran d'antan : « Hier, les manageurs ne faisaient que manager l'entreprise, les leaders la dirigeaient ; aujourd'hui, les leaders ne font que la diriger, les héros la sauvent ; demain les héros ne feront que la sauver et les dieux en seront les rédempteurs. » nous dit Henry Mintzberg, professeur d'économie. Il a tort : les dieux n'ont pas secouru les start up.

En-dehors des start up, dans le monde réel des affaires, le manageur est le dindon de la farce : c'est lui qui développe, qui anime quand la conjoncture est bonne ; c'est lui qui économise et qui licencie quand elle se retourne. Et quand sa boîte est finalement rachetée, c'est lui qu'on remercie. En lui disant « Au revoir ! ».

 

Mariage

Plus très à la mode chez les jeunes. Une jeune femme moderne ne veut plus de mari, elle cherche un « géniteur stable ». En économie, les mariages réussissent rarement, pour une raison simple : personne n’est parvenu à résoudre le dilemme célèbre de H.L. Mencken : « Dans un couple, l’objectif est ne faire qu’un ; le problème est de savoir lequel. »

 

Marketing

Dans la high tech, rien à voir avec la lessive qui lave plus blanc que blanc et qui vous fait prendre des vessies pour des lanternes. Au contraire, ici, dans les technologies, on vous la montre, la grosse lanterne, devant un long tunnel noir et on vous dit : allez-y, c'est tout droit ! Alors, confiant, vous prenez la lampe qui finalement éclaire très mal et vous vous cassez la gueule à chaque pas. Le marketing est un gonfleur de mots, un habilleur de cinéma, qui vous met la vie en package. Il invente des concepts avec du vent, s'appuie sur des chiffres pour délirer, se contente bien souvent de comparer pour en déduire ce qu'il faut faire. C'est un tueur d'idées, un plaqueur d’initiative, un incubateur de conformisme. Bon, après çà, j’aurai du mal à trouver un job dans le marketing…

 

Marketing One To One

Le One to One (prononcez wâne tout wâne et imaginez que cela signifie quelque chose comme en tête à tête ou bien face à face), est une drôle de musique qu'on entend dès qu'on parle web. C'est une extraordinaire alliance du géo-marketing et de l'informatique qui veut faire croire à un client qu'il est unique alors qu'il demande seulement à être traité comme les autres. Pauvre client ! On sait tout sur lui, avant même qu'il n'ait décroché son téléphone ou cliqué sur le bouton fatal.

On commence à en revenir car, finalement, c'est difficile de gérer une grande entreprise comme une boutique de fruits et légumes et de dire à chaque client : « Deux petites laitues bien vertes, comme d'habitude, Madame Michu ? » Parce que si on s'est trompé et qu'elle n'aime que les scaroles, Madame Michu, on ne la reverra jamais ! Sachez en effet qu'un internaute moyen zappe d'un site à l'autre en moins de 7 secondes. Vous vous rendez compte : 7 secondes seulement pour l'attirer et le retenir ! C'est ce genre de défis qu'aiment bien relever les pubeux et les marketeurs. Résultat : on vous plaque sur votre écran des tas de petits zizis en couleur qui bougent pour que çà vous oblige à cliquer même si vous n'en avez pas envie. C'est une sorte de réflexe pavlovien. Et, ensuite, on compte tous ces clics et on dit fièrement aux annonceurs : regardez le nombre de gens qui surfent et qui restent chez nous ! Et l'annonceur, tout content, il rajoute encore une pub de plus sur votre écran. Qu'importe si vous avez fermé les yeux depuis longtemps.

 

Marketing permissif

e-mail publicitaire qui vous demande, écrit en tout petit à un endroit impossible à trouver, s'il peut continuer à vous emmerder longtemps avec ses messages à la noix et ceux de ses copains. Par défaut, l'option cochée est : oui.

Cette merveilleuse notion a été inventée quand les marketeurs se sont rendu compte qu'ils saturaient les boîtes à lettres électroniques de messages non demandés (le spam en anglais). Aux internautes qui en avaient marre et menaçaient de se rebiffer, on a alors dit : « Ne vous inquiétez pas, c'est du marketing permissif ! ». Rassurés, ils reçoivent encore plus de messages stupides qu'avant mais, maintenant, ils savent pourquoi.

 

Marketing viral

Bouche à oreille électronique qui permet aux rumeurs de se répandre comme un virus, c'est-à-dire  beaucoup plus vite qu'au temps du télégraphe.

Le summum du marketing viral vous contamine quand vous vous mettez à envoyer à tous vos amis un e-mail en leur recommandant de le transmettre à tous leurs amis, et ainsi de suite, pour les prévenir qu'il y a un virus qui circule. En fait, il n'y a pas de virus ; le virus, c'est simplement la répétition de ces messages d'alertes inutiles qui encombrent les boîtes à lettres. Si vous arrivez à déclencher une telle chaîne, vous êtes embauché par Procter et Gamble, mais vous n'avez plus d'amis. Si vous n'y parvenez pas, c'est que votre Windows est planté par un vrai virus.

 

Media

Du latin medium qui ne veut pourtant pas dire médiocre ni voyante.

Ne s'emploie qu'au pluriel et de manière péjorative, dans des expressions comme : « Les médias disent tous la même chose » ou bien « Comme d'habitude, les médias n'ont rien compris … » Quand ils parlent de technologie, par exemple. Plus le média est grand public, plus il dit des bêtises. Plus le média est spécialisé, moins il est compréhensible. Une seule solution : lisez ce livre !

 

Mega (Giga, Penta, Tera)

Un mégaoctet, c’est, grosso modo un million d’octets. On vous fait grâce des subtilités du calcul arithmétique à la puissance deux, grâce auquel rien ne tombe vraiment juste. Cette unité de mesure a largement suffi pendant des années à qualifier les tailles de stockage des mémoires ou des disques durs des ordinateurs qui avaient somme toute des proportions raisonnables. Et puis, tout s’est accéléré. Alors il a fallu inventer le giga-octet (milliard), puis le penta (million de milliards), puis le tera (milliard de milliard). A partir de là, on ne sait plus où on est : angoissé, effrayé, saturé, on sait seulement qu’on est submergé par un océan d’informations inutiles. Un peu comme si vous calculiez vos trajets de vacances en années-lumière. Cette distorsion entre les capacités réelles du cerveau humain et les monstres numériques incommensurables qu’il engendre n’est qu’une nouvelle adaptation de l’histoire du docteur Frankenstein.

 

Micro-ondes

Anciennement : sert à la cuisson rapide des aliments par un four spécial. Aujourd'hui : fait une cuisson rapide du cerveau par un téléphone portable. Bon, c'est une blague, ce n'est pas tout à fait prouvé. Pas encore.

 

Micro-ordinateur

Ordinateur de plus en plus petit qui se plante de plus en plus. C'est une machine exceptionnelle, car elle génère sa propre entropie : sur un micro, on passe son temps à régler des problèmes posés par le micro.

Quand on en a assez, on appelle la hot line où bien on jette l'ordinateur par la fenêtre et on utilise discrètement un minitel, pour avoir en quelques minutes le renseignement qu’on cherche depuis des heures sur internet. Comme vous le savez tous, le micro-ordinateur est né dans un garage américain, bien que deux Français prétendent l’avoir inventé avant, dans une cuisine évidemment. En tout cas, s’il n’a pas été américain au départ, il l’est rapidement devenu et il l’est resté. Ce n’est pas un Français qui aurait baptisé une touche de clavier Alt Gr (facile à retenir : pensez à « alternative au grognement »). Des grognements, vous n’êtes pas prêts de finir d’en pousser avec votre micro.

 

Microsoft

Une des marques récentes admises dans le petit cénacle des labels mondialement connus : Coca-Cola, Durex, Le Vatican, Loana

Signe distinctif : adepte de la technique de la mante religieuse qui consiste à signer des accords avec d'autres marques pour ensuite les avaler.

Autre particularité : plus on fait de procès à Microsoft, plus son fondateur, Bill Gates, a des idées.

 

Minitel

Ancêtre simple, rapide et fonctionnel d'internet.

Avec le minitel, les entreprises rendaient de vrais services à leurs clients et gagnaient de l'argent. Ca ne pouvait pas durer.

 

Mise en examen

Procédure judiciaire visant à empêcher un politique ou un patron de faire son boulot normalement. Celui qui la subit préfère parler d'une entreprise de déstabilisation. Quand on est mis en examen, on est présumé innocent selon la loi et présumé coupable selon les médias. Si la loi se trompe, les médias s'en délectent. Si les médias se trompent, la loi se tait. C'est comme çà.

Dans la techno-économie, tout patron est susceptible d'être mis en examen, pour laisser au juge le temps de comprendre son business. Par exemple, vous avez une idée : hop,  on vous attaque immédiatement en référé, en vous reprochant de l'avoir piqué à votre voisin. Il vous faudra prouver que vous avez eu l'idée avant lui. Donc, mon conseil : dès que vous avez une idée, écrivez-la noir sur blanc, datez-là et couchez-là sur votre testament chez votre notaire. De toute façon, çà ne sert à rien, c'est Microsoft qui vous la piquera.

 

Mobile

Anciennement : après hippo, auto, aéro.

Aujourd'hui : tout est mobile, le PC, le téléphone, le business, les cours de bourse, la carrière, le mariage (le mariage mobile s'appelle le divorce).

Demain : l'art, la pensée, l'intelligence, le sexe (le sexe mobile s'appelle le camping-car)

Commentaire : La mobilité, c'est bien, mais faudrait pas que çà empêche de penser. A force d'être mobile, tout aura tellement bougé que plus rien ne sera à sa place. Et le monde s'arrêtera peut-être de tourner…Bref, il est temps de militer pour le mouvement ASSIS : Association des Surfeurs Solitaires Immobiles et Sceptiques.

 

Mondialisation

En politique et en macro-économie : fille bâtarde du colonialisme, de l’impérialisme, du libéralisme et du capitalisme, tentant de redorer son blason. Avec un héritage pareil, c’est dur.

Pour un entrepreneur : slogan utile pour cacher son absence de stratégie ;

Pour les salariés et les syndicats : un moyen commode et médiatique de mettre tous leurs ennuis sur le dos des patrons.

Commentaire : Il y a les pro et les anti. Les pros, ce sont les riches. Les anti, ce sont les pauvres (qui veulent devenir riches) plus José Bové et Greenpeace. Les pros et les anti ne sont jamais d'accord entre eux, par définition, et ils font exprès de se réunir au même moment dans deux endroits différents, pour qu'on soit obligé de choisir.

En fait, le modèle de la mondialisation a déjà du plomb dans l'aile. Appliqué aux entreprises, en effet, il a tendance à transformer les collaborateurs en répétiteurs de consignes universelles – un peu comme des manettes de navire, entre la passerelle et la salle des machines -  quel que soit le secteur d'activité. Le commandant dit « Synergie ! » et tout le monde répète : « Synergie ». Ou bien le commandant dit « Stratégie ! » et tout le monde répète « Stratégie ! » Plus personne ne pose de questions, tout le monde applique la règle. Stop ! On ne pense plus, on agit ! La mondialisation, c'est aussi simple que MacDo : le même produit au même prix partout dans le monde. Celui qui croit que réussir dans les affaires consiste à avoir des idées nouvelles, n'a qu'à aller travailler à l'Education Nationale : là, au moins, on change de programme chaque année et à chaque ministre.

Voir aussi J2M.

 

Moore (loi de)

Du nom de Gordon Moore, un des co-fondateurs d'Intel, qui a prédit en 1965 que la puissance des microprocesseurs doublerait tous les dix-huit mois. Il a oublié de dire que les emmerdements des utilisateurs aussi ! La vrai loi de Moore serait plutôt celle-ci : plus la performance des ordinateurs augmente, plus leur capacité de nuisance aussi, deux fois plus vite.

 

MP3

Allégorique : Miracle d'inspiration biblique, du type Multiplication des Pains, version 3.

Au sens propre : Protocole informatique de compression des fichiers musicaux qui permet de transformer un seul CD audio payant en une infinité de musiques gratuites qui s'échangent sur le web.

Commentaire : Les pharisiens (les grandes maisons d'édition de disques) n'en reviennent pas. D'ailleurs, ils n'en reviendront sans doute jamais. Ils sont du mal à comprendre qu'on puisse écouter une autre musique que la leur, c'est incroyable. Une pub d'un site MP3 montrait l'un de ces pharisiens- qui faisait déjà une sale gueule - et la légende disait : « Il reçoit 1 000 artistes par an et il en publie dix. Vous n'avez pas envie d'écouter les 990 autres ? » Si, ont répondu les internautes !

 

Mullah Nasruddin

Figure mythologique du Moyen-orient, une sorte de Candide de l'islam, très utilisée dans la communication high tech. Le procédé a de nombreux avantages : en Occident, l'individu en question est assez peu connu ; la référence à la philosophie soufiste sent tout de suite son parfum des Mille et une Nuits ; et, surtout, on peut raconter n'importe quoi en le mettant dans la bouche de Nasruddin, personne n'ira vérifier !

Par exemple, cette histoire que les spécialistes de la communication pourront méditer à loisir :

Mullah est un maître conteur que tout le monde écoute. Au souk du mardi, la foule se rassemble devant lui et attend impatiemment sa parole. Il leur demande : « Savez-vous de quoi je vais vous parler ? ». « Non, dit la foule ». « Eh bien, si vous ne le savez pas, je n'ai pas envie de perdre mon temps avec vous, je m'en vais !» Le mardi suivant, la foule a compris le message et quand Mullah pose la question : « Savez-vous de quoi je vais vous parler ? », tout le monde répond en choeur: « Oui ! ». « Dans ce cas, dit Mullah, ce n'est pas la peine d'en parler, je m'en vais ! ». Le mardi suivant, Mullah repose sa question et, là, après délibération dans la foule, un porte-parole lève la main et dit : « Maître, certains savent, d'autres ne savent pas ! » « Eh bien, dit Mullah, que ceux qui savent racontent à ceux qui ne savent pas ! » Et il s'en va…

Autre enseignement tiré de Nasruddin : lorsque vous ne savez pas comment différencier votre produit d’un concurrent, appelez-le Lune et l’autre Soleil et dites qu’il est plus utile. Si on vous demande pourquoi la Lune est plus utile que le Soleil, répondez simplement : « C’est quand il fait nuit qu’on a besoin de lumière ! ».

 

Multimédia

Ne veut pas dire : par tous les moyens. C'est pourtant ce qu'on a voulu nous faire croire quand on nous a dit que l'informatique multimédia pénétrerait les foyers et les entreprises. Ce ne fut pas l'invasion prédite parce qu’on avait oublié de baisser les prix et de simplifier les produits. Alors, on nous a expliqué que multimédia voulait dire : quel que soit le support. C’est vrai, à condition que ce soit un micro-ordinateur avec processeur Intel et sous Windows. Aujourd'hui, tombé en désuétude. Remplacé par haut débit.

 

Napster

Nom du site de musique MP3 qui voulait révolutionner le monde en permettant aux internautes de partager gratuitement leur passion. Il n'y est pas encore parvenu mais ça viendra.

 

 

Nasdaq

Marché boursier géré par un programme informatique plein de bugs qui le secoue comme un Orangina et qu'on soupçonne avoir été écrit par un programmeur du loto. Pour meubler une conversation languissante, lancez « Qu’est-ce qu’il a fait l’Nasdaq ? » et si on vous demande à quel place il a terminé le tour de France, c’est que vous vous êtres trompés de réunion. Le plus extraordinaire, c'est que le Nasdaq lui-même est une société cotée. Vous pouvez acheter ses actions si vous voulez : c'est une information factuelle, pas un conseil.

Par dérision : objet de nombreux jeux de mots gais et positifs: « la nasse craque » ; « le naze claque », etc.

 

Net économie

Ce n’est pas une boutique de pressing ni un magasin d’optique. Ce serait plutôt une erreur d’optique. Quelque chose de pas vraiment net. Bref on désignait ainsi, dans une vie antérieure, le business qui se faisait, soi-disant, sur le réseau des réseaux.

Avatar du phalanstère fouriériste du 19e siècle, doté de tous ses attributs (communauté, échanges, gratuité, gourous) et qui connut son apogée pendant les deux dernières années du 20e siècle. Comme dans la plupart des sectes apocalyptiques, ses adeptes ont pratiqué le suicide collectif de manière exagérée.

Commentaire : La net économie, c'est un peu comme le Far West sans les mines d'or : on a promis le succès facile à tout le monde mais seuls les vendeurs de pelles et de pioches ont fait fortune ; les gringos s'y sont précipités en s'entretuant mais personne n'a trouvé le filon ; finalement, les gros exploitants ont tout racheté et les petits exploités en sont revenus pleins de dettes. On les appelle les dépités de la pépite.

 

Nouvelle économie

Expression commode pour rassembler les nouveaux modèles inclassables, alléchants et incompréhensibles, de management et de business. Ce qui a expliqué son succès dans les médias, jusqu’à ce qu’on change de mode. Quand vous ne comprenez pas de quel business on vous parle, qu'il utilise beaucoup les NTIC, que vous ne voyez pas à quoi il sert et à condition qu'il puisse perdre beaucoup d'argent en très peu de temps, pas de doute, cela doit être de la nouvelle économie. Pour s'en sortir, une seule solution, conseillée par Francis Blanche : « Face au monde qui change, il vaut mieux penser le changement que changer le pansement. »

 

NTIC

Nouvelles technologies de l'information et de la communication. Un sigle totalement inutile, à l’image de l’histoire de l’épicier qui veut afficher « Ici, on vend des oranges pas chères » et qui finit par ne rien afficher du tout parce que ce qu’il veut dire est évident. Tout bidule informatique peut être étiqueté NTIC comme il pourrait n’avoir aucun label. Nouvelles : on s’en doute, tout est toujours nouveau, sinon, ce n’est pas la peine d’en parler. Technologies : c’est sûr, on n’est pas dans le camembert et d’abord, c’est pas des technologies, c’est des techniques. Information : ben, oui, de quoi on causerait sinon ? Communication : quelle différence, déjà, avec l’information ?

Cette expression pourrait aussi bien s’appliquer au langage des sourds-muets ou aux JT surréalistes de la télé. En fait, par abus de langage, est classée NTIC toute technique tendant à utiliser massivement l'ordinateur pour transmettre tout type d'information, quelles que soient l'utilité de celle-ci et l'envie qu'on ait de la recevoir.

Il y avait l'Insee et les factures EDF, on a maintenant la Net économie et la Nouvelle économie.

Le gouvernement, qui emploie plein de consultants, a déjà enlevé le N : il parle, sans rire, des TIC (sic). Mais il ne fera jamais comme l’épicier : les poltiques ont toujours quelque chose à vendre même quand ils n’ont plus rien en devanture.

 

Numérique

Ne le dites plus avec des fleurs, dites-le avec des chiffres. Tout est numérique, numérisé : les mots de vos e-mail, les musiques de vos CD, les images de vos appareils photos. L’objet physique numérisé devient quasi-virtuel, puisqu’il n’est plus représenté que par quelques bits et octets dans une mémoire de stockage de l’ordinateur. C’est en ce sens qu’on dit souvent qu’on passe d’un monde réel (peuplé d’objets) à un monde virtuel (peuplé de concepts). Nous ne ferons plus l’amour avec des êtres de chair, nous phantasmerons à l’écran devant des créatures dessinées et robotisées. Puis, quand tout sera numérisé, nous serons enfin tous virtuels. Serons-nous plus heureux pour autant ?

 

Octet

Un octet égale huit bits, en général et quand tout est OK dans l’ordinateur. Quand çà va mal, c’est que les octets ont des hoquets et vous ne pouvez qu’acquiescer. Pour ne pas mourir idiot, sachez quand même qu’un octet stocke en moyenne un caractère (oui, je sais tout çà est complètement approximatif mais s’il fallait vraiment rentrer dans les détails, on en perdrait son latin !). C’est ainsi que vous pouvez choisir entre l’Encyclopedia Universalis en vingt volumes, auquel cas il vous faudra changer d’appartement ou bien la prendre en DVD. Et là, vous vous apercevrez avec stupéfaction que la mémoire universelle de l’homme et de la planète tient sur une petite galette de 3 gigaoctets, c’est-à-dire seulement, si l’on peut dire, 3 milliards de caractères.

 

OGM

L’informaticien est certainement un organisme génétiquement modifié car un être normal ne passerait pas des heures sur son écran à essayer de résoudre les problèmes qu’il s’est créé tout seul. Par extension : OGMM, organisme génétiquement modifié par Microsoft. C’et l’utilisateur final qui croit acheter un ordinateur pour s’amuser (voire travailler) et qui passe son temps à essayer de débloquer son Windows.

 

Ordinateur

Une machine paresseuse qui ne travaille qu'avec des 0 et des 1. Un ordinateur, nous dit le Petit Robert, ordonne, met en ordre, bref, donne des ordres. Si on avait relu cette définition à temps, on se serait méfié !

 

Oxymore

Ou oxymoron. Accouplement de termes paradoxaux, incompatibles ou contradictoires destiné à rendre une nuance de pensée si fine qu'elle échappe à toute analyse. N'a rien à faire ici dans ce dictionnaire, mais c'est pour voir si vous suivez; ceci dit, en cherchant bien, on pourrait dire : « nouvelle économie » est un oxymore.

 

Paradigme

Un mot extrêmement usité par les patrons anglo-saxons. Les pauvres, ils croient qu’il signifie : stratégie ou  valeur ajoutée alors qu’il veut simplement dire modèle. Exemple trouvé dans la presse américaine: « We need to leverage our synergies to capitalize on our fundamental intellectual paradigm. » Littéralement : « On va faire jouer l’effet de levier de nos synergies pour capitaliser sur notre paradigme intellectuel de base. » qu’il faut traduire par : « J’ai lu chez mon coiffeur ce matin un article de Business Week daté d’il y a six mois et je vous préviens qu’il va falloir faire des économies. » En fait, paradigme est un concept technique complexe réservé à la grammaire et à la linguistique. Définition du Petit Robert : « Ensemble des termes qui peuvent figurer en un point de la chaîne parlée, avec des substitutions » ! C’est dire si on peut l’employer à tort et à travers. Plutôt que de déclarer : « J’ai une idée » ce qui inquiéterait ses collaborateurs, le patron préfère déclamer : « Notre paradigme va évoluer. » Et, là, tout le monde est forcément d’accord et comprend que çà va saigner. Quand une entreprise sort son paradigme, plus de paradoxe : c’est la fin du paradis. Et ça rapportera pas un radis.

 

Pas de porte

Un truc qu'il faut acheter avec la boutique, sinon on reste à la porte. Rien à faire dans ce dictionnaire non plus mais c'est une anecdote que j'avais envie de raconter et je ne savais pas où la caser. Quand j'étais gamin, je passais tous les jours pour aller à l'école devant un magasin, fermé pendant des mois, avec une pancarte accrochée à la devanture: « Pas de porte à vendre. » Je me suis longtemps demandé pourquoi il fallait dire qu'on n'avait pas de porte à vendre. Le web, c'est un peu pareil, on y expose plein de choses inutiles.

 

Patriotisme

On connaissait le patriote brut de fonderie, sévère mais juste, droit dans ses bottes, le doigt sur la couture, en temps de guerre essentiellement, avec ses excès et ses passions. Comme disait Bernard Shaw : « Etre patriote, c’est croire que votre pays est supérieur aux autres…parce que vous y êtes né ! »  Les actions patriotiques, même chez les Papous, elles ne sont pas pour, elles sont d’abord contre. Contre quelque chose, quelqu’un : le vilain, le diable, l’affreux, c’est toujours l’autre, Bush nous l’a bien expliqué, il y a quelques mois. Il a oublié de préciser s’il y avait des Afghans patriotes…

Mais voici que ce patriotisme new look s’applique à tout. C’est le nouveau label marketing qui fait fureur chez les héraults de nos différents mondes.

Par exemple, on peut être un patriote « thérapeutique » une invention de Bernard Sans Frontières (Kouchner) : en clair, n’abusons pas, pour nos petits maux bénins, de médicaments réservés à des traitements de choc car nous pourrions assécher le marché (c’était à propos du bacille du charbon). Le gouvernement canadien eut alors l’idée, certainement patriotique, de commander des médicaments génériques, en plus de ceux de la firme Bayer, pour être sûr d’en avoir assez en stock, au cas où. Mais Bayer, d’un ton très patriotique, déclara que ce n’était pas une façon de récompenser ceux qui trouvaient de nouvelles molécules que d’aller acheter des clones moins chers ailleurs. Bref, ce fut une belle empoignade de patriotes !

Enfin, en économie, quand on ne sait pas sous quelle bannière se ranger, on se tourne vers le patron des patrons, pardon, l’entrepreneur des entrepreneurs, Ernest-Antoine Seillières : il nous invite régulièrement au patriotisme, même si on ne comprend pas toujours ce qu’il voulait dire. L’entreprise qui rachète trois quarts des activités d’une autre pour un quart de ses effectifs (affaire SEB-Moulinex) est un patriote, n’est-ce pas ? A moitié seulement, semble-t-il… Et chez vous, les licenciements, sont-ils patriotiques ?  Et cette fusion, cher monsieur, qu’en pensent vos patriotes ? Le patriotisme économique, quel label ! Le pubeux qui a inventé çà, il est trop fort ! Il faut adorer ces mots qu’on lance en l’air et qui n’en finissent pas de retomber, de rebond médiatique en rebond sociologique, comme une partie de ping pong où la balle serait un mix de concept fumeux et de patate chaude. Ils sont tellement beaux, ces mots, que personne ne peut les critiquer, ils sont tellement larges qu’on peut tout y mettre. Pourtant, le problème date de longtemps : pourquoi Dieu a-t-il choisi les Français contre les Anglais du temps de Jeanne d’Arc ?

 

PC

Anciennement : parti communiste. Depuis 20 ans : personal computer, ou ordinateur personnel, qui ordonne tout votre temps dans un seul but : le perdre. Dans le temps, on opposait les PC (sous-entendu IBM et compatibles) aux Mac (les Macintosh d'Apple). Aujourd'hui, on ne sait plus ce qui les distingue vu qu'ils ont les mêmes composants et les mêmes logiciels. Un PC, c'est donc tout simplement un micro-ordinateur, c'est-à-dire une source de macro-frustrations.

 

PC de bureau

Micro-ordinateur qui encombre le bureau et qui fait autant de bruit qu'un ventilateur, sans la fraîcheur.

Objet d'un culte obsessionnel chez tous les cadres, vissés huit heures par jour devant leur écran comme s'ils espéraient le messie. En fait, ils attendent la hot line, où bien ils consultent en douce des sites de cul. Quand la hot line arrive, quelques jours plus tard, elle cherche le PC sur le bureau mais elle ne le trouve pas, car il est maintenant caché sous le bureau. Si elle le trouve, elle le met sur le bureau parce que c’est plus facile de le dépanner ainsi qu’à quatre pattes par terre. Quand elle s’en va, elle oublie en général de le remettre sous le bureau, là où le cadre s’est endormi en attendant la fin des opérations.

 

PC de poche

Micro-ordinateur qui déforme la poche encore plus qu’un téléphone portable.

Le PC de poche est doté au choix d'un clavier pour main de nain ou bien d'un écran tactile sur lequel il faut tapoter avec un stylet pendant une heure pour écrire un mot. Si on a fait une erreur de frappe, il vaut mieux éteindre l'appareil et tout recommencer plutôt que d'essayer de corriger. Dans tous les cas, l'écran est réservé à des yeux de lynx et ne peut être visible qu’en plein soleil. Dans l’obscurité, il faut passer en mode rétro-éclairage, qui allume l’écran tellement fort qu’on est ébloui et que les piles sont usées au bout de trois minutes. Quand l'appareil est censé se synchroniser (mettre ses informations à niveau) avec votre PC de bureau, alors vous multipliez par deux les sources d'emmerdements. Très récemment, il s'est adjugé en plus les fonctions d'un téléphone mobile. Alors, vous triplez les sources d’emmerdements.

 

PDA

Personal digital assistant ou assistant digital personnel qui n’ose pas s’appeler PC de poche parce qu’on ne dit pas qu’une montre est une horloge portable. Sauf Sacha Guitry qui, coincé dans l’escalier de son immeuble par des déménageurs portant une grosse horloge, leur lance : « Vous ne pourriez pas porter une montre, comme tout le monde ? »

 

Pédophile

Adjectif employé généralement avec les noms communs instituteur, curé ou site.

Il existe des groupes de policiers anti-pédophiles, qui sont d'anciens CRS sado-maso reconvertis : ce sont les seuls à pouvoir surfer sur les sites de cul sans se faire attraper, tout en se mettant des tutus autour de la taille pour piéger les pervers branchés sur leur webcam.

 

Pensée unique

Exemple type d'oxymore. Comme si la  pensée pouvait être unique ! La seule chose qui soit unique, c’est la façon uniforme (au garde-à-vous) dont les médias traitent l’information.

 

Performances

En sport : suspectes, parce que tout le monde se dope, sauf les commentateurs mais ils devraient.

En économie : pour une entreprise, qualifie exclusivement les résultats financiers, le reste (salariés, produits, valeur ajoutée..) tout le monde s'en fout. Pour un pays : exclusivement réservées aux zones à bas salaires.

En technologie : synonyme de rapport qualité-prix. Si votre produit a une excellente qualité et un tout petit prix, ce n'est pas possible. Si votre produit a une qualité moyenne et un prix ridicule, il peut être leader en performances. Celles-ci sont mesurées par des laboratoires d'essais scientifiques qui classent tous les produits dans des catégories suffisamment nombreuses pour que chacun puisse être primé et avec des méthodologies suffisamment nébuleuses pour que personne ne puisse les critiquer.

 

Peter Drucker

Gourou américain du management et de la communication. Comme il est né au début du 20e siècle, il a pu successivement tout prédire : vive les gros, vive les petits, vive l'entreprise hiérarchique, en réseau, étendue, virtuelle, etc. Auteur de cet impérissable apophtegme qui a mis la communication sur orbite: « S'il y a un bruit dans la forêt et qu'il n'y a personne dans la forêt, il n'y a pas de bruit. » Depuis, il y a beaucoup de monde qui fait du bruit dans la forêt et plus personne ailleurs!

 

Piratage

Source essentielle des procès et, donc, des revenus des avocats.

Si quelqu’un a eu une idée avant vous, accusez-le de piratage. Il faudra qu’il  prouve qu’il ne vous a pas copié et çà va l’occuper pendant un moment. Pendant qu’il se démène avec ses avocats, essayez de le racheter ou, au minimum, piquez-lui ses clients.

Plus généralement, tout acte consistant à distribuer généreusement  des concurrents gratuits et fonctionnels de biens ou services mal foutus vendus très cher par ailleurs est immédiatement taxé, si l’on peut dire, de piratage. Dans les rares cas où il s’agit de vrais pirates, par exemple sur internet, on ne les trouve pas car ils sont beaucoup plus rapides que leurs poursuivants à savoir se perdre dans les méandres de la Toile.

Voir Hacker.

 

PME

Petit miracle économique ; ce sigle désigne les petites entreprises qui sont obligées de créer autant d'emplois que les grandes n'en suppriment ; si elles n'y parviennent pas, alors on les passe aux 35 heures et à l'euro en même temps.

 

Politiquement (in)correct

Un concept issu de la pensée unique.

L’expression décrit surtout l'évolution du traitement d'un sujet dans les médias.

Le politiquement correct est la paraphrase ampoulée de ce qui est une simple banalité, un lieu commun, un tropisme, voire une tautologie; à l'inverse, tout sujet inhabituel ou exceptionnel passe d'abord par une phase de politiquement incorrect, en général ignorée des médias ; ensuite, quand tout le monde en parle, ces derniers s'en emparent. A partir de là, le sujet n'intéresse plus personne et, donc, il devient politiquement correct.

Exemple : aujourd'hui quand on dit « cigare », plus personne ne pense à « Clinton » ; quand on dit « start up », plus personne ne pense « miracle ».

 

Portail

Type particulier de site internet fourre-tout, nécessitant de gros investissements, dirigé par de très jeunes managers et perdant obligatoirement beaucoup d'argent. Une sacré bande de gonds.

Le concept et le mot étaient pourtant bien trouvés : le portail était censé être une majestueuse porte d'entrée ouvrant sur un joli parc à la française de l'information et du loisir, rempli de petites folies divertissantes et de plantes grasses. Hélas, il s'est ouvert sur une jungle dans laquelle il n'y avait même pas Tarzan… Quoi ?  Bon, d'accord, il y a plein de Jane à poil…

 

Pot belge

Ce n'est pas une blague : produit dopant (amphétamine plus cocaïne) constituant le petit déjeuner habituel des coureurs cyclistes de toutes nationalités.

Hélas, c'est seulement maintenant qu'on comprend l'origine de l'expression « il n'a pas de pot » pour désigner un sportif qui ne gagne pas, qu'il soit de Belgique ou d'ailleurs.

On soupçonne que les programmeurs fonctionnent comme les coureurs cyclistes, sachant que quel que soit le vainqueur d'étape, le gagnant final s'appelle toujours Microsoft.

 

PPDA

Pas piqué des (h)annetons ; se dit de moins en moins.

Egalement : ancienne vedette de la télé, remplacée récemment dans le cœur des Français par Loana, l'héroïne de Loft Story, parce qu'elle a plus de cheveux et que tout le monde l'a vu à poil sur internet, elle. Inclus dans ce dictionnaire uniquement pour ne pas le confondre avec PDA.

Voir Télé poubelle.

 

Proactif

Mot bizarre d'origine anglo-saxonne. Il serait une contraction de « professionnel » et « réactif ». Ce qui sous-entendrait qu'il y a des pros mous, ce n'est pas très rassurant. On est proactif quand on décide de prendre les choses en main, merde quoi, y'en a marre de se faire avoir !

Un temps très à la mode dans le monde des affaires, notamment celui des NTIC, cet adjectif est aujourd'hui employé avec parcimonie, car on a vite compris qu'aucune entreprise n'a besoin d'être proactive à moins d'avoir un vrai problème à résoudre, ce qui est mal vu des analystes.

 

Probabilité

Certains cabinets d’études de la high tech, se  rendant compte du nombre de fois où ils s’étaient plantés dans leurs prévisions, ont introduit la notion extraordinaire de probabilité « plus ou moins probable » . Ils vous diront : le scénario X a  7 chances sur 10 de réaliser tandis que le Y, lui, n’a que 2,5 chances. Au fait, vous connaissez la vraie règle de probabilité ? C’est celle de la tartine de beurre, telle qu’un polytechnicien me l’a expliqué e: « Plus le tapis est rembourré, plus la tartine tombe du côté beurré.» Du gras qui chute sur un vieux lino tâché, tout le monde s’en fout, donc çà n’arrive jamais. C’est ce que les scientifiques appellent l’environnement « accidentogène » : pour qu’un événement ait une chance d’avoir des conséquences fâcheuses, il faut qu’il y ait un contexte favorable à la calamité. Fabriquer et utiliser de la high tech, de l’internet, des télécoms sont des activités extrêmement « accidentogènes ». Dès le départ, l’informatique est trop bizarre. Comment voulez-vous qu’elle produise des trucs qui marchent au zéro défaut? Il n’y a rien de plus difficile que de simplifier la complexité. Résultat : c’est toujours quand vous terminez une note urgente à votre patron que votre PC tombe en rideau. C’est quand vous êtes aux toilettes que votre portable sonne ! L’économie, c’est pareil. Un orage ne fait pas l’inondation sauf si la nappe est frénétique. On ne meurt pas d’une chute de tension, sauf si on coupe le courant. Si on arrête tous de bosser en pensant qu’il n’y aura bientôt plus de travail, on est sûr d’être au chômage. Alors, c’est simple, pour que la reprise aie bien lieu, il faut les conditions suivantes : beau temps, bonne humeur, bonne santé. Si on est tous zen, y’aura pas de crise ! Allez, on sourit !... Eh, vous, là- bas ! J’en vois qui ne sourient pas : méfiez-vous, c’est sur vous que çà va tomber !

 

Procureur

Magistrat qui lit le droit à gauche si le gouvernement est de gauche. A l'inverse, sous un gouvernement de droite, le procureur devient gauche. Dans les deux cas, un homme politique doit toujours avoir sous la main un procureur de rechange (on dit « impartial » ou « compétent »), qui puisse dire le contraire d'un autre (qualifié de « politisé »). Tout cela amuse beaucoup les Français, tant qu'ils ne sont pas directement concernés. Aux Etats-Unis, il n'y a pas de procureur, il n'y a que des juges et on en trouve autant qu'on veut pour leur faire dire ce qu'on veut. Il suffit de financer leur campagne électorale. Microsoft est un bon employeur de juges.

 

Profit warning

Message trimestriel du président d'une entreprise cotée qui n'a plus la cote et qui prévient qu'il va bientôt annoncer des prévisions de prévisions de résultats qui ne seront pas forcément ceux qu’on attend.

Littéralement : « Regardez les petits gars, y vont être beaux mes bénéfices ! ».

En fait, bizarrement traduit par le marché par : « Ouh là là, c'est pas normal ce truc-là, çà sent les pertes ! »

Dans l'analyse technique boursière moderne, un profit warning précède toujours une chute du cours de l'action mais celle-ci peut aussi avoir lieu sans celui-là, c'est plus drôle.

Un profit warning qui annoncerait des résultats supérieurs aux prévisions est un tricheur et il est exclu du jeu, sauf Microsoft qui est hors jeu depuis longtemps mais qui a quand même le droit de continuer à jouer, c'est une particularité de la législation américaine.

Sexuel : quand une fille dit « ce gars-là, c'est un profit warning ! » çà veut sans doute dire qu'elle a été déçue.

 

Pubard (ou pubeux)

Personnage douteux qui fait semblant de travailler dans la pub, ce qui lui laisse le temps d'écrire des bouquins pour critiquer la pub.

En général, on entre dans la pub par dépit, quand on n'a pas réussi à être journaliste ni marketeur. Le processus de sélection est le suivant : si vous avez quelques idées mais que vous ne savez pas écrire, vous pouvez être marketeur ; si vous n'avez pas beaucoup d'idées et que vous savez juste un peu écrire, journaliste ; si vous n'avez pas d'idées du tout et que vous ne savez pas écrire plus de deux phrases, vous voici pubard. En effet, nous sommes en mesure de révéler cet incroyable scoop : si dans une pub, il n'y a jamais plus de deux phrases, ce n'est pas parce que le public ne peut pas en lire plus, c'est parce que les pubards ne savent pas en écrire davantage.

Exemple : la pub de Siemens Mobile dit « Soyez inspirés :» On dirait que çà s'adresse aux gens de la pub ! Eh bien, c'est vrai !  En fait, c'était un message du patron de l'agence à ses créatifs chargés du budget Siemens et ils ont cru que c'était le slogan définitif.

Ca rappelle l'histoire que raconte Séguéla : pourquoi l'armée américaine s'est-elle soudain déployée sur toutes ses frontières dans les années 50 ? Parce que le patron de la CIA avait corrigé à la main une note mal tapée en écrivant: « Attention aux marges ! » (en anglais border, qui veut dire aussi frontière)…

Jean Cocteau, par exemple, n'aurait jamais pu faire de la pub, il avait des idées vraiment trop géniales : « Qu'emporteriez-vous si votre maison brûlait ?  lui demanda-t-on un jour. - Le feu, répondit-il. » Allez, faites-moi une pub là-dessus !

Imaginez le processus : le directeur marketing d’un fabricant high tech MachinTrucBidule.com explique son produit à son agence de pub, par exemple un matériel qui se connecte en direct et en une seule fois. Comme il n’est pas un technicien d’origine, il ne fait que répéter des mots qu’il a entendus dans son labo et les mixe avec son jargon. Bien sûr, l’homme de la pub n’a fait qu’un an de fac de lettres et ce jour-là, il a mal au ventre. Résultat, il crée une pub qui vous dira : « MachinTrucBidule, c’est un direct au foie ! » Le pire, c’est que la pub fait un malheur! (C’est-à-dire qu’on n’en vend pas un seul, des bidules, mais on s’en fout, la création est primée dans Stratégies.)

 

Pubo-cocygien

Rien à voir ave la pub : c'est un muscle redécouvert récemment dans les magazines masculins.

Pour l'homme, son entraînement peut se faire discrètement au bureau. Contractez et relâchez régulièrement l'anus comme pour une envie de pisser, en bloquant les abdominaux tout en consultant vos e-mail. Au bout de quelques exercices, il paraît que l’on peut mieux contrôler ses orgasmes multiples.

On attend avec impatience la réponse des magazines féminins sur l'utilité de ceux-ci.

L'équivalent informatique est l'index ou le majeur, bref le doigt appuyé sur la souris, qui clique là où il faut et qui déclenche des feux d'artifices de pages web s'affichant dans tous les sens, comme un orgasme virtuel.

 

Quartier sensible

Banlieue remplie de parkings extérieurs quasiment vides où les seules voitures visibles sont déjà brûlées. On la réaménage avec des HLM à digicode réservé aux faux électeurs et avec des cybercafés.

Voir Jeunes des quartiers.

 

Recentrage

Sexuel : fin de l'adultère.

En matière d'emploi : tout  ce qui commence par «  re » ne laisse rien présager de bon : redéfinir, restructurer, réaligner… Exemple : « On va se recentrer sur cette activité pour y mobiliser notre savoir-faire » veut dire en fait « On est passé à côté d'une belle opportunité et il va falloir licencier la moitié de nos effectifs. »

 

Religion

Voir Art, Jésus, Microsoft.

 

Retournement

Toujours lié à conjoncture. Quand la conjoncture se retourne, c'est qu'elle n'évolue pas comme l'avaient prévu les analystes. Cela arrive souvent. Résultat : si vous continuez comme si de rien n'était, vous l'avez dans le dos. Dans le business, comme en politique, on ne retourne pas sa veste, on change de stratégie.

 

RAM

Random Access Memory.

En français : mémoire de l'ordinateur à accès totalement aléatoire.

En informatique, les informations sont stockées au petit bonheur la chance dans un endroit reculé de l’ordinateur, la RAM. Quand elle est saturée, elle rame. D'où son nom. Quand elle est mobile, on l'appelle ROM.

En fait, ce n'est pas vrai. ROM, çà veut dire Read Only Memory, la mémoire qu'on peut seulement lire, on ne peut pas écrire dedans. Alors qui a écrit la première fois ce qu'on peut y lire, je vous le demande ? (Réponse : Microsoft, évidemment !)

 

Recette de la dinde au whisky

L'un des plus gros intérêt d'internet, c'est le nombre de petites histoires drôles qui y circulent et qu'on se transmet ensuite d'e-mail en e-mail. Celui qui ne sait pas meubler la conversation grâce à ce qu'il a pu pioché dans la journée sur le web ou dans ses e-mail, vaut mieux pas le fréquenter, celui-là, c'est pas un marrant.

Voici, à titre d'illustration, la recette de cuisine qui contribua fortement au succès du journal Micro Hebdo, spécialisé, comme vous allez le constater, dans le conseil pratique à l’utilisateur de micro et d’internet :

Recette de la dinde au whisky

- Acheter une dinde d'environ 5kg pour 6 personnes et une bouteille de whisky ; prévoir du sel, du poivre, de l'huile d'olive, des bardes de lard.

- La barder de lard, la ficeler, la saler, la poivrer et ajouter un filet d'huile d'olive.

- Préchauffer le four thermostat 7 pendant 10 minutes.

- Se verser un verre de whisky pendant ce temps-là.

- Mettre la dinde au four dans un plat à cuisson.

- Se verser 2 verres de whisky et les boire.

- Mettre le therpostat à 8 après 20 binutes pour la saisir.

- Se bercer 3 verres de whisky. Les voire.

- Après environ une debi-beurre , fourrer l'ouvrir et surbeiller le buisson de la pinde.

- Brendre la vouteille de biscuit et s'enfiler une bonne rasade derrière la bravate - non - la cravate.

- Après une demi-heure de blus, tituber jusqu'au bour. Oubrir la putain de borte du bour et reburner - non - revourner, enfin bref, mettre la guinde dans l'autre sens.

- Se pruler la main avec la putain de borte du bour en la refermant - bordel de merde !

- Essayer de s'asseoir sur une butain de chaise et se reverdir 5 ou 6 wizky de verre, ou le gontraire, je sais blus.

- Buire - non -  luire - non - cuire - non - ah ben si - cuire la bringue bandant 4 heures.

- Et hop, 5 berres de plus. Ca fait du bien par où ça passe.

- R'tirer le four de la dinde.

- Se rebercer une bonne goulée de grisby.

- Essayer de sortir le bour de la saloperie de pinde de nouveau parce que ça a raté la bremière fois

- Rabasser la dinde (l'est tombée bar terre). L'ettuyer avec une saleté de fichon et la voutre sur un blat… sur un clat…  sur une assiette.

- Se béter la gueule à cause du gras sur le barrelage de la buisine. Ne pas essayer de se relever.

- Déciver qu'on est bien par derre et binir la mouteille de rhisky.

- Plus tard, ramber jusqu'au lit, dorbir ze gui reste de la nuit.

- Le lendemain matin, prendre un alkaseltzer, manger la dinde froide avec de la mayonnaise, et nettoyer le bordel que tu as mis dans la cuisine. Durée : une bonne journée.

 

Résultats

En business comme en politique: quand ils sont bons, c'est grâce aux efforts du management (du gouvernement) ; quand ils sont mauvais, c'est à cause de la conjoncture.

 

R.O.I.

Epelez-le bien distinctement. C’est le ratio roi de la finance. Return on investment ou retour sur investissement. Si je mets tant là, çà me rapporte combien et quand ? Une vieille habitude de commerçant, en quelque sorte. En high tech, c’est plutôt un retour façon boomerang. D’une manière générale, quand vous investissez maintenant, c’est pour que çà vous rapporte plus tard. L’un des grands problèmes de l’informatique est qu’on n’a jamais pu mesurer son ROI : plus vous dépensez, plus vous êtres obligés de continuer à le faire, semble être la seule loi valable, ne serait-ce que parce qu’il faut bien continuer à payer les informaticiens que vous avez embauchés. Combien çà vous rapporte ? Ca, personne ne peut vous le dire. En général, les consultants se contentent d’affirmer que si vous n’aviez pas fait ces dépenses, vous iriez encore plus mal. Il existe de nombreuses règles sur le ROI des technologies de l’information, souvent issues de la littérature américaine (c’est  normal c’est elle qui a inventé les deux concepts). Par exemple : Windows réduit vos coûts d’achats de logiciels car il occupe tout votre espace disque, vous n’avez donc plus de place pour y installer d’autres programmes. Par ailleurs, le ROI a été décapité par la net économie, mais il s’est bien vengé.

 

Satisfait

Quand votre actionnaire est particulièrement satisfait des résultats de votre filiale, méfiez-vous, c'est qu'il est en train de la vendre! Il n'a en effet aucune raison d'être content de vous, puisque vous passez votre temps à lui demander de ne pas vous piquer votre argent pour que vous puissiez continuer à vous développer. Lui, il pense que la seule chose à développer, ce sont ses dividendes.

 

 

Sexe

Avant, dans les années 70, le sexe, c'était super : il y avait la pilule et la liberté ; puis, dans les années 80, il dut se faire « safe » à cause du sida ; pour s'en sortir, il devint cyber, lié à internet. Au début du 21e siècle, c'est bizarre, on n'en parle plus parce que les gens n’ont pas le temps : ils sont vissés sur les sites de cul. Ah, si, on en parle encore dans quelques livres féminins totalement incompréhensibles pour les hommes.

Faux ami : en anglais, « to have sex » ne veut pas dire « avoir un sexe ».

 

Solutions

Une entreprise ne fabrique plus de produits et ne vend plus de services : elle propose des solutions. On ne vous offre plus un logiciel de gestion mais une solution qui va planifier vos ressources. Un matériel réseau est une plateforme, un ordinateur un serveur, un site web un portail, un ensemble de logiciels une suite bureautique, etc. Un garagiste ne répare plus votre voiture pourrie : il vous propose une autre solution (une voiture d'une autre marque). Un opérateur GSM ne résilie jamais votre forfait parce qu'il a toujours une autre solution à vous proposer à laquelle nous finissez par souscrire de guerre lasse après avoir perdu une heure au téléphone à essayer de lui expliquer votre cas et que cette heure vous a fait dépasser votre forfait. Bientôt Mac Donald ne fabriquera plus de hamburgers mais vous proposera… des solutions alimentaires, mon cher Watson ! L’économie moderne n’est plus un système d’échanges, c’est la solution finale à tous vos problèmes.

 

Spam

Mot d'origine anglo-saxonne qui ne veut rien dire, même en anglais. Peut-être quelque chose comme : plouf ! Ou bien : splash! Il évoque le bourrage des boîtes à lettres électroniques. Avant, on se pâmait devant un e-mail tellement c'était beau et rare; aujourd'hui votre e-mail est spammé, inondé de prospectus comme une vraie boîte à lettres du monde réel, et on y perd son âme. Et ça rame, ma pauvre dame.

Voir : Marketing permissif.

 

SSII

Société de service et d'ingénierie informatique. Ne se prononce pas : S-S- hi hi ! ce qui pourrait être mal interprété mais, à l’américaine, S-S-2-I.

Equivalent, dans l'informatique, du service après-vente Darty, sauf que c'est pas Darty, c'est pire.

Les entreprises qui ont acheté des ordinateurs et des programmes ont besoin à tout moment des SSII pour réparer les bugs des fabricants. Celles-ci débarquent alors dans l'entreprise, modifient tout et malheureusement, commettent aussi des erreurs dans leurs réparations.

 

Dans ce cas, il n'y a plus qu'une seule solution : appeler le Nettoyeur.  Son nom est SAP, fournisseur universel qui remplace à lui seul toutes les solutions des SSII, à condition de changer tous vos matériels et logiciels.

Mais il y a aussi des bugs chez SAP. L'entreprise utilisatrice appelle alors une SSII spécialisée, très chère, qui répare du SAP… C'est ainsi qu'augmentent chaque année les budgets informatiques des entreprises, les bénéfices de SAP et des SSII et la grogne des utilisateurs finals.

 

Start up

Soufflé au fromage raté dans les pays qui n'ont pas de fromage et qui voulaient une part du gâteau.

La start up, c’est l’entreprise qui se crée sur une idée qu’elle croît originale mais c’est rarement le cas. A la grande époque de la folie internet, il y a eu ainsi plein de start up qui ont eu la même idée au même moment. Et, en plus, l’idée en question n’intéressait personne.

Les start up cherchaient à devenir des grown up (littéralement : aurait pu croître, si les poules avaient des dents) mais ont fini en général en start down (littéralement : tu démarres comme tu veux, mais de toute façons tu te casses la gueule).

On peut les regretter, ces start up, car elles ont quand même sacrément remué l'économie de papa et il en restera bien quelque chose. Des adeptes de Jean Giono en quelque sorte : « Tu veux de la place au soleil : alors fais du soleil au lieu de chercher à faire de la place. »

Moi, je les aimais bien, tous ces petits gars au regard clair qui avaient autant d'idées dans leur tête que de fautes d'orthographe dans leurs dossiers. Ils vont me manquer.

 

Stratégie

Elle n'est jamais perdante, mais elle peut connaître des aléas dus à un retournement, toujours imprévisible, de la conjoncture. Aujourd'hui, tout est stratégique, même la tactique. Par exemple, à une époque, Jacques Chirac a cru qu'acheter des billets d'avion en liquide était un bon moyen d'utiliser son bas de laine. Erreur stratégique ! C'est devenu une affaire d'Etat. En business, la stratégie permet d'habiller tous les coups tordus.

Chez les grands hommes, un objectif stratégique cache souvent un complexe d'infériorité intellectuel ou un manque d'amour de la part de sa maman.

Commentaire : Le capitalisme (ou encore la guerre, la révolution, l'amour, l'Olympique de Marseille), c'est simple comme Tapie : « Quand çà marche, c'est grâce à moi ; quand çà ne marche pas, c'est à cause de toi. » Un coup je t'embauche, t'es beau, un coup je t'embrouille, t'es nouille.

La stratégie des grands groupes ressemble à un régime alimentaire: d'abord ils engraissent en licenciant leurs produits puis, quand la conjoncture disjoncte, ils dégraissent en licenciant leur personnel. Un régime à courte vue qui ne résout pas les problèmes de fond. « Il est difficile à un poisson de voir son propre aquarium » disait André Malraux, pour rester poli. Le proverbe berbère, lui, est beaucoup plus direct: « Quand la neige fondra, la merde apparaîtra ».

Depuis Lao-Tseu et Clausewitz, on aurait pu pensé que la stratégie - militaire ou économique c'est pareil - avait fait des progrès. Hélas, il faut se rendre à l'évidence : aujourd'hui, plus l'objectif est rustique, plus il est populaire. L'idée ? Etre plus gros que le voisin ! Fallait quand même y penser ! C'est simple : chacun veut être numéro un mondial sur un créneau porteur (on dit « non cyclique ») et rapporteur de grosses marges (on dit « créateur de valeur »). La grenouille aspire au bœuf, le bœuf au dinosaure et le dinosaure croit que la comète ne tombera pas sur lui mais sur les petits copains d'à côté. Donc je vends un peu, j'achète beaucoup, je m'endette mais c'est pas grave, je grossis jusqu'à ce que je puisse enfin déclarer aux analystes ébahis : ça y est, je suis numéro un ! Si, en plus, je peux annoncer un bon plan de licenciements (pardon, de synergies), ça fera monter la bourse.

Au passage, méfiez-vous des créneaux trop petits car, comme dit le proverbe : « Quand on travaille dans une niche, il ne faut pas s'étonner d'être traité comme des chiens. »

Enfler, voilà donc la règle de nos stratèges modernes. Empiler les chiffres d'affaires, les clients, les pays. Rafler les catalogues, les technologies, les savoir-faire. Peu importe qu'il n'y ait aucune vision derrière tout çà, l'important c'est la masse. C'est l'effet sumo. Comme je suis plus gros que toi, je te pousse en-dehors du jeu avec mon gros ventre. Je suis forcément le meilleur puisque je suis numéro un. Je ne sais pas qui je suis mais quelle importance puisque je suis numéro un. Je n'ai rien à dire mais j'ai tous les droits de le dire puisque je suis numéro un. Je ne sais rien de la vie, de l'histoire, des hommes et de leurs cultures mais je m'en fous, je suis...

Feraient  mieux de relire Lao-Tseu, tous ces bouddhas de pacotille : « Celui qui a inventé le bateau a aussi inventé le naufrage. »

Voir J2M.

 

Système d’exploitation

Hier : capitalisme ou exploitation de l’homme par le capital.

Aujourd’hui : Windows, logiciel de base de l’ordinateur, ou exploitation de la machine par l’homme et de l’homme par Microsoft.

 

Superwoman

L'impossible trinité (amante, mère, travailleuse) ; cause principale des divorces chez les urbains (à la campagne, on n'est pas fou, chacun sa place).

La première femme d'un PDG ou d'un chef d'état est toujours une superwoman. La deuxième, beaucoup plus jeune, un ancien mannequin.

 

Synergie

Dans les entreprises, synonyme d'abord de « réduction des coûts » puis de « licenciements ».

Exemple : « Nous allons développer les synergies entre nos filiales » signifie en fait « Nous allons supprimer des effectifs dans tous les services redondants ».

En politique, précède de peu la rupture.

Commentaire : quel joli mot pourtant que synergie ! Littéralement : coopération. Je coopère, tu coopères, tout le monde entre en synergie et l'entreprise ne s'en porte que mieux ! Belle théorie n'est-ce-pas ? Dans la réalité, c'est terrible de voir comment ce mot a été dévoyé par les gestionnaires et les financiers qui en ont fait le porte-flambeau de toutes leurs opérations de restriction budgétaire. Plus la synergie est forte, plus les licenciements sont nombreux. Dès que vous entendez parler de synergie, allez vite, de vous-même, voir ailleurs s'il fait beau. Sinon, vous irez quand même, mais forcé et il pleuvra peut-être ce jour-là.

 

Tautologie

Très à la mode en communication et en littérature: une sorte d’apologie du truisme. Quand vous répétez plusieurs fois la même chose, soit vous êtes bègue ou obstiné, soit vous aimez la tautologie. « Un sou est un sou », « les affaires sont les affaires » sont des exemples célèbres de cet effet de répétition qui tente de donner du sens à une banalité. Ce vice logique est couramment employé dans la high tech quand elle ne sait plus quoi dire, ce qui lui arrive souvent. Par exemple, dans cette annonce de recrutement: « Vous avez toute votre place dans notre société ». Effectivement, pour embaucher quelqu’un, il vaut mieux lui dire qu’on a besoin de lui. Ou encore dans cette pub pour un logiciel: « Pas la peine de parler de notre logiciel. » Mais on en va en parler quand même, n’est-ce pas ? On essaye aussi de masquer la réalité avec d’autres mots : mon ordinateur est un serveur, s’il vous plaît, mon matériel une plateforme, mon site un portail évidemment, mon logiciel une suite (il y a toujours une suite dans un logiciel, c’est la version d’après, celle qui est annoncée quand vous installez la vôtre). Roland Barthe, cet auteur célèbre que personne n’a lu, affirmait que la tautologie est une sorte de refus de penser, quelque chose comme l’antichambre d’un poujadisme récurrent. Pour Jean-Claude Bologne*, en outre, elle s’expose d’elle-même à un retour de bâton : à tautologue, tautologue et demi. Si noir c’est noir, alors blanc c’est blanc. Moyennant quoi, on n’arrivera jamais à se mettre d’accord. La tautologie n’est que la tautologie : une impasse. Pas question d’en faire un totem. Le problème, c’est que quelques grands écrivains lui ont donné ses lettres de noblesse : le « parce que c’était lui, parce que c’était moi » de Montaigne parlant de son amitié avec La Boétie nous a toujours ébahi et fut souvent imité, n’est-ce-pas ? Et que dire de Mitterrand, impérial avec son « laisser le temps au temps » emprunté à Cervantès. On crut donc, avec de telles références, qu’on pouvait s’en donner à cœur joie. Le résultat est triste comme la chair, hélas : la pensée unique et le politiquement correct qui sous-tendent désormais toute communication sont les avatars de la tautologie reine. Appliqué à la pub, cela donnerait un message du genre : « Achetez mon produit, pas celui de mon concurrent Bidule ! » Pourquoi ? « Parce que lui c’est lui et moi, c’est moi ! » Convaincant, non ?

* « Les allusions littéraires », Larousse.

 

 

Technologies

Toujours plurielles, jamais basses ni anciennes.

Est technologique tout ce qui utilise l'ordinateur, s'appuie sur un jargon incompréhensible, ne fournit pas le résultat escompté et se retrouve dans les médias à longueur de colonne.

Exemples : les raves parties, les clones, les décisions du conseil constitutionnel, etc.

Les linguistes distingués déplorent l'abus par les médias de l'usage de ce mot (littéralement : discours sur la technique) à la place de techniques. Ils ont tort, pour deux raisons. D'abord si l'on disait  « les hautes techniques », cela ferait rigoler tout le monde. Ensuite, dans un monde dirigé par la communication, l'objet n'existe pas sans son discours (voir Peter Drucker). Exemple : si personne ne parlait des linguistes, ils n'existeraient pas.

Et, surtout, la technologie, çà ne marche pas dans le même sens que la science ; comme dit Michel Serres : « La science, c'est ce que le père apprend à son fils ; la technologie, c'est ce que le fils apprend à son père. » Et çà, c'est vraiment embêtant : à qui appartiendra le futur ?

 

Télé poubelle

Emission que tout le monde regarde au lieu de faire le tri sélectif des ordures.

Exemple : Loft Story.

En high tech, dire : « La convergence n'aboutira qu'à de l'internet poubelle. »

 

Télé réalité

Si on est obligé de spécifier qu'une émission est réelle, ça prouve à quel point les autres sont irréelles.

 

Téléchargement

Download en anglais. Tout ce qu’on peut récupérer en se connectant sur internet : des logiciels, de la musique, des photos, des vidéos. Le monde moderne n’est plus que du téléchargement

 

Télévision

Dommage! C'était une belle idée. Aujourd’hui, elle rend les téléspectateurs passifs devant la bêtise. Demain, quand elle sera interactive, ils pourront participer à la bêtise. On a vu ce que çà donnait avec internet.

 

Toile

Nom familier du world wide web (littéralement : toile d’araignée mondiale). L'expression « on se fait une toile ? » qui voulait dire auparavant « on va au cinoche ? » signifie aujourd'hui pour les hackers « quel est le putain de site qu'on va pirater aujourd'hui ? ».

 

Top Model

En mode, les modèles se suivent et se ressemblent : par exemple, Laetitia Casta est un clone jeune et joufflue de Claudia Schiffer. En management, c'est plus gore : chaque nouveau top modèle doit évincer son prédécesseur en le démolissant. Ainsi fit l'entreprise en réseau et par ligne d'activités qui saqua l'usine de papa. Mais attention : tandis que la Schiffer soigne chez L'Oréal ses rides naissantes et n'a sans doute pas l'intention de revenir se déhancher dans les défilés, un vieux modèle de management qu'on croyait mort peut renaître de ses cendres ! Par exemple : l'entreprise symbole de la modernité digitale, celle qui a body-buildé les stock options et le zéro stock, l'internet et l'international et tutti quanti, décide d'un coup de revenir aux bons vieux modèles d'antan : eh oui, un beau jour, Cisco abandonne sa structure par business et se réorganise par…ligne de produits Mais où vont-ils chercher tant d'audace?...

Donc, la vie technologique ne serait, elle aussi, qu'un éternel recommencement ? D'ici à ce qu'IBM nous annonce un gros mainframe pour remplacer nos PC, qu'un fils tardif de Gutemberg nous crée un objet bizarre qu'on appellerait le livre, que la voiture à cheval remplace le TGV, Clovis José Bové et la caverne le HLM…. Si cela advient, alors, on pourra enfin répondre à l'éternelle question des scientifiques : oui, l'univers régresse et plus on évolue, plus on revient en arrière, vers le Big Bang qui nous a créé et va bientôt nous ingérer. Un peu comme l'euro qui réinvente le centime. Ce qui est fabuleux chez Cisco, c'est son pragmatisme : « Nos lignes de business nous ont bien aidé à multiplier par quatre nos revenus ; comme ce n'est plus possible, on revient au modèle d'avant ! » Evidemment, au passage, on change les responsables. Je te prends, je te jette, je te reprends. Tout est recyclé, les hommes, l'argent, les idées. Une seule chose est permanente : la bouffonnerie de ce monde cynique. Ce n'est plus un monde virtuel, c'est un monde temporaire. Tout ce à quoi vous croyez de nouveau n'est que la reprise de ce que vous avez jeté hier. Un conseil, lisez la Bible, je sens qu'elle va remplacer Peter Drucker (oui, oui, il est plus jeune que la Bible) ! Déjà, à l'époque, on aurait dû se méfier : le Nouveau Testament avait piqué plein d'idées à l'Ancien !

 

Transition

Un mot exécrable en économie, surtout associé à dents de scie : « Nous sommes en phase de transition vers notre nouveau produit, d'où nos résultats en dents de scie » signifie en fait « Nos clients n'aiment pas ce produit et on va probablement louper nos objectifs. »

 

Travail

Dans le monde moderne de la techno-éco, on ne travaille plus, c’est mal vu, on est plutôt payé pour apprendre à apprendre. Les sociologues, qui ne veulent jamais être en retard d’un concept  (ce serait la négation de leur existence) estiment qu’il n’y a plus de différence entre être au travail et être en formation. Comme les technologies changent tout le temps, on est effectivement obligé de passer en permanence d’une version à une autre. Mais, plus généralement, nous avons changé de relations au travail. Ainsi, n’essayez surtout pas d’embaucher des jeunes diplômés en leur vantant l’organigramme de votre  société, en leur parlant de hiérarchie, de carrière et d’adhésion à un projet d’entreprise. Si vous le faites, quelle erreur ! Voici en revanche comment agir (toutes les expressions suivantes sont tirées d’un manuel de sociologie): «  Il faut leur expliquer en souriant que votre entreprise est un environnement complexe et flexible dans lequel chacun peut faire valoir son implication et s’exprimer selon un mode initiative-réaction qui vise avant tout une cohésion du corps social à travers un fonctionnement en réseau d’influences. Votre credo, ce  fameux mix de savoir-faire et de savoir-être, leur garantit que chez vous la flexibilité est contrebalancée par la richesse de la polyvalence au poste de travail et qu’elle n’est jamais mise en œuvre au détriment du relationnel. Dites-leur que même s’ils sont polytechniciens, Harvard, et tutti quanti, ce n’est pas grave, ce qui compte avant tout, c’est leur extraordinaire personnalité. Certes, pour eux, la charge de travail psychique sera forte, certes on passe peut-être d’une obligation de moyens à une obligation de résultats, mais ce n’est pas pour autant qu’on ne les aime pas. On a bien compris qu’ils étaient à la recherche à la fois de sens et d’argent et c’est normal. » Fin du discours des sociologues.

Pas de doute, si on leur parle comme cela, les jeunes comprennent tout de suite et signent enthousiastes. Ensuite, ce que vous pouvez en faire une fois qu’ils sont chez vous, alors çà, c’est un autre problème!

 

UMTS

Universal Mobile Telecommunication System. On peut traduire par : «  Flop universel du siècle. »

Cette norme fameuse devait vous permettre de ne plus ramer quand vous essayez de vous connecter sur internet via votre téléphone mobile, ce qui est quand même une drôle d'idée, avouez-le ! Le problème pour les opérateurs, c'est qu'ils doivent dépenser des milliards pour acheter les fréquences et pour installer les infrastructures. En plus, la technique en question a des ratés, on n'est pas sûr du tout qu'elle fonctionne ! Et, attendez, ce n'est pas tout, vous allez rigoler, on ne sait pas très bien ce que les gens vont faire avec ce téléphone haut débit : personne, apparemment, ne s'est pas posé la question de savoir s'ils en avaient besoin. Drôle, non ?... Non, ce n'est pas drôle parce qu'on dépense des milliards dans ces conneries, alors qu'on aurait peut-être pu mieux les utiliser !

 

Utilisateur final

Personne normalement constituée, quoi qu'en disent les informaticiens. En bout de chaîne informatique, l'utilisateur final s'énerve devant son écran bloqué et attend depuis deux jours une intervention de la hot-line. C'est un peu comme l'usager de la SNCF face à l'affichage des horaires de trains.

 

Valeur d’usage

Quand on ne sait pas comment valoriser un bien, un service, une idée parce que son concept est vraiment trop tordu et que les banquiers veulent quand même savoir combien çà coûte et combien çà rapporte (ils ont des prétentions vraiment incroyables, ces banquiers !), alors on parle de « valeur d’usage ». Si quelqu’un vous sort ce lapin, pensez à la vieille histoire du vendeur d’automobile : « Vous allez voir, avec cette voiture, Paris-Orléans, vous le faites en 45 minutes ! » Le problème, c’est que vous ne connaissez personne à Orléans et que vous n’avez pas du tout envie d’y aller.

 

Vérité

Concept encombrant. Mis à mal successivement par la religion, la psychanalyse puis les médias. Dans le business, la vérité, c'est les chiffres. D'où la terrible interrogation de Ernest Renan : « Qui sait si la vérité n'est pas triste ? »

En économie, comme en technologie, une vérité chasse l’autre.

 

Virtuel

Merveilleux adjectif qui désigne tout ce qu'on ne comprend pas. Le monde virtuel, c'est celui des technoïdes et des schizophrènes de la digitalité. On a longtemps opposé le monde réel, celui des entrepôts, au monde virtuel, celui des sites internet. Quand les sites ont commencé à perdre de l'argent, leurs problèmes sont devenus réels et leur avenir virtuel.

Cette idée de deux mondes, exploitée par des films comme Matrix ou Passé Virtuel, est alléchante mais, je suis en mesure de vous le révéler aujourd'hui : elle ne correspond pas du tout à la réalité ! En fait, il y a trois mondes réels qui parfois se mêlent: celui de l'argent, celui du pouvoir et celui du sexe. Et cette vérité-là, elle est de tous les temps.

Néanmoins, comme le mot est joli, on peut essayer de continuer à l'utiliser. Quand vous ne comprenez rien à ce qu'on vous raconte, dites par exemple : « Ce truc-là, c'est complètement virtuel ! » et votre interlocuteur sera sans doute mal à l'aise.

 

Virus

Animal : spongiforme ou aphteux.

Informatique : toute pièce jointe à un e-mail.

Commentaire : La situation est grave : l'épizootie virtuelle nous guette, les bits sont pleins de kystes, la RAM rame, le Bios se désosse, l'écran est à crans.

Il faut donc apprendre aux nouvelles générations à vivre dans la planète virus et leur enseigner les dix commandements de survie numérique.

1. De mot de passe, tous les jours changeras (et si ne t'en souviens pas, l'ordinateur à la casse, jetteras).

2. Tes e-mails, tous les matins, javelliseras.

3. Ton disque dur, tous les soirs, désinfecteras.

4. Ton site la nuit (c'est beau un site la nuit), protégeras, par des leurres envoués dans l'espace virtuel pour tromper les roquettes de hackers.

5. Régulièrement, ton transit digital, crypteras et décrypteras.

6. De dos face à ta webcam, toujours te filmeras.

7. Tes fichiers, hebdomadairement, à la main recopieras.

8. Les pièces jointes, en faisant une prière, ouvriras.

9. Par e-mail, toujours pour ton patron, passer te feras.

10. La hot line, sur dix téléphones en même temps, appelleras.

 

Visibilité

Toujours réduite quand on parle de l'avenir de son entreprise ou de l'économie.

L'expression cache en réalité un mélange de candeur et d'impuissance. Le patron qui déclare « Nous  assistons à une forte réduction de la visibilité à moyen terme sur notre marché» n'ose pas avouer : « On a trébuché ce trimestre et, en plus, on n'a aucune idée de ce qui va se passer d'ici à la fin de l'année. »

Commentaire : l'avenir est bouché et les gens sont myopes : on n'a pas fini d'être surpris !

 

Wap

Wireless application protocol ou protocole d'applications sans fil. Vous êtes content ?

En fait : protocole de communication sans fil et sans issue. Appartient déjà au cimetière des fausses bonnes idées de la techno, au il sera bientôt rejoint par l'UMTS. Mais on va quand même vous en parler parce que son histoire est édifiante.

Commentaire : Quiconque s'est amusé avec son téléphone portable dernier cri à surfer sur des portails wap doux wap comprend vite pourquoi c'est si rock and roll : sur un tout petit écran qui affiche dix caractères par ligne, on passe son temps à cliquer d'un mot à l'autre, sans savoir où on va ni comment on revient d'où on est parti.

Finalement, au bout de vingt minutes d'errance, on obtient par hasard une info qu'on n'avait pas demandée et qu'on aurait eue en dix secondes au téléphone. Pas moyen non plus de se déconnecter du portail: pour avoir une chance de s'en aller, il faut appuyer 20 fois au hasard sur les boutons Sortie et Retour. Et, pendant ce temps, le compteur tourne. Fabuleux, non !

Ceci dit, soyons sévères mais justes, j'ai découvert une utilisation intéressante du wap : on peut jouer au Pendu. Si, si, je vous le jure ! Ainsi, moi, j'avais la combinaison _ _ N A _S E et je me dis : j'ai gagné, c'est forcément SYNAPSE, à moi le gros lot ! Pas de pot, c'était PUNAISE ! Et qui me dit qu'il n'a pas triché, ce portail à la mords-moi-le-jeu?

Un autre usage passionnant, c'est d'aller sur internet avec un PC pour y lire les messages de votre portable : fallait y penser, non ? C'est un peu compliqué, faut s'abonner, rentrer un mot de passe correspondant aux 4 derniers numéros de votre contrat, prononcer quelques formules magiques mais on y arrive.

Une autre fois, je vais sur un nouveau portail, le téléphone mouline pendant des heures, « envoi en cours » puis « calcul en cours » (mon Dieu, mais qu'est-ce qu'il peut bien calculer ?) et pour finir, il m'affiche : « Gloups ! Erreur 404, http machin pas trouvé, bien le bonjour ». Je me suis dit : OK, on est en terrain connu, le wap, c'est comme internet, en plus lent et en moins fiable. Un truc aussi compliqué, qui coûte aussi cher et qui sert à rien à ce point, franchement, fallait l'inventer ! Allez, vive la technologie ! D’ailleurs, je ne sais pas pourquoi je vous en parle : le wap, c’est fini ! Ouf !

 

Web

Abrégé de world wide web. Littéralement : toile d'araignée mondiale. Ainsi nommé parce que l’organisation de la connexion entre ses différents ordinateurs est aussi simple que celle d’une toile d’araignée et qu’elle attrape n’importe quel gugusse dans ses fils.

Le web, c'est la partie graphique et multimédia d'internet, ce qui explique son succès dans le piratage MP3 et la consultation des sites pornographiques. Pendant ce temps, il grandit tous les jours : il stocke déjà xxxx pages et il s’en enrichit tous les jours de XXX.

Par définition, un site web a toujours une adresse absolument impossible à retenir et à taper sur un clavier normal, notamment à cause de la répétition de ces foutus « anti-slashs » (\) qui ont été mis là uniquement pour faire faire un peu de gymnastique aux doigts arthritiques.

Heureusement, de temps en temps, les internautes posent des bonnes questions, comme celle-ci, recensées par le site infoclic.fr : « Où trouver l’adresse du site http://www.sncf.com? ».

Commentaire : Avec le recul, passés les effets de mode et calmées les tempêtes boursières, il est temps de se poser la seule question qui compte : le web a-t-il changé le monde ? Hélas, la réponse est non. Hélas, car on aurait bien aimé : c'était sympa de se dire que tous ces vieux croûtons qui pontifiaient à longueur de rapport annuel  allaient se faire ramasser une bonne fois pour toutes. Les barbares avaient débarqué et ils allaient tout renverser sur leur passage : les hiérarchies et les copinages, les structures figées et les sectarismes. On misait sur internet (sur le web en fait) comme sur un élixir de jouvence qui allait nous rafraîchir les idées et les habitudes. Et voilà ! On voulait la lune, elle nous a fait un pet foireux. Pschitt ! La baudruche s'est dégonflée, l'argent a repris le pouvoir, les business plan ont arrêté de rire, les technologies se sont remises en ordre de bataille (les gros devant, les petits derrière). Le web est devenu payant, marchand, affilié, taggé par la pub pire qu'une Formule 1. Il a fini par nous emmerder et, nous, on est parti rêver ailleurs. Mais internet n'est pas mort, il n'est pas seulement un outil, il est une énergie nouvelle, à côté de la vapeur ou de l'électricité, et avec lui, tout est possible et surtout : apprendre et comprendre. On a peut-être fini de rêver, on n'a pas fini de s'étonner. Ah, que c’est beau d’y croire !

 

Webcam

Petite caméra connectée à votre ordinateur branché sur internet et qui vous permet de tourner des films rigolos pendant les heures de bureau et de les envoyer à vos collègues. Ils peuvent ainsi vous voir vous curer le nez pendant dix minutes tout en fixant votre écran d’un air hébété. L’image est toute petite et saccadée, les tailles de fichier saturent le réseau, mais qu’est-ce qu’on se marre ! Utilisée également sur le web pour démocratiser la pornographie.

 

Win-win

De to win, gagner. Dans le business, un accord « Gagnant-gagnant » est soi-disant une bonne affaire. Méfiez-vous ! Dans une bonne affaire, dit le proverbe américain, il y a toujours un pigeon : si vous ne savez pas qui c'est, c'est que c'est vous. Si on vous dit win-win, répondez plutôt par run-run (de to run,  courir) qu’on pourrait traduire par : « Fume, c’est du belge ! »

 

Windows

Fenêtres en anglais. Mais aussi : système d'exploitation (logiciel de base) de l'ordinateur, créé par Microsoft et avec lequel on attrape des rhumes à force d'ouvrir et de fermer les fenêtres. Voir Démarrer.

L'une des blagues les plus connues sur Windows : « Quelle est la différence entre la théorie, la pratique et Windows ? - La théorie, c'est quand on sait tout, mais que rien de fonctionne. -La pratique, c'est quand tout fonctionne, mais qu'on ne sait pas pourquoi. -Avec Windows rien ne marche et on ne sait pas pourquoi. »

 

Wintel

Néologisme universel formé à partir de Windows et de Intel. Les techniques de traitement de l’information convergent lentement mais sûrement vers un monde Wintel, où toute forme d’appareil électronique fonctionnera avec un processeur Intel et un logiciel Windows, de votre montre à la machine à café, en passant par le téléphone et la télévision. Si votre frigo ne marche plus, alors, il vous faudra ouvrir la porte, la fermer, l’ouvrir, la fermer…Et, à nouveau, vous attraperez un rhume.

 

Yoyo

Surnom de ma cousine Jocelyne, que j’aimais beaucoup.

Egalement : mouvement incontrôlable des indices boursiers de la net économie, provoqué par les changements d'avis permanents des grands analystes ; alors que le yoyo des enfants monte presque autant qu'il descend et que çà les fait rire, les indices des grands, eux ne font que descendre et çà les fait pleurer. « Le monde s'étire, s'allonge et se retire comme un accordéon qu'une main sadique tourmente » disait Blaise Cendrars. Cette phrase qui pourrait avoir une connotation sexuelle pour les esprits mal tournés s'applique parfaitement à la bourse.

 

Zapping

Plutôt que de discourir une fois de plus sur le zapping-zappeur-zappé, fléau du monde moderne, et en guise de conclusion, puisque ce sera, c'est décidé, le dernier mot de mon dictionnaire, je vous ai écrit une petite chanson, un techno-rap évidemment, en freeware à condition de dire que c'est le song à Lucien. Vous pourrez alors le napsteriser et le compléter. La partition de musique est à votre convenance, sur deux ou trois notes maximum. Le rythme est régulier, sur trois temps en contre temps, pour emmerder les musiciens. La phrase de base est en alexandrin, appuyé par un doubleton du plus bel effet. La chanson s'appelle :

Erreur 404

Dès l'aub’, j'me dop’ à la radio, nouveau, tout beau. Tout faux.

Dans l'métro, je sors mon wap, je rame à Bourso. Bobo.

Au bureau, je chatt’, merveille, mais j'm'emmêle les mails. Mireille.

A la cafét, pas d'amphét, j'cal’ sur internet. Pas net.

Alors, râleur, j'repars dar’-dare à mon écran. A cran.

Je hache H-T-T-P, j'déroul’ mes U-R-L. Colère.

Pause, Echap, je surfe à donf sur les sit’ de gonz. En bronze.

J'divague hyperrelax dans le divin DivX. XX.

L'metamoteur s'emballe, embrouill’ ses fils de news. Ca m'rouille.

Hypno, gogol devant les hits de mon google. Pas cool.

J'ai pété mon G-P-S, j'fum' l'U-M-T-S. Détresse.

Je frapp' sur le clavier, j'essaim' mes S-M-S. OS.

Sur les dix pt'it’ touch’, on touss’ tous pour nos Bluetooth. Pas touche.

Je zipp mes fil’, je jazz’ mes meg, j'suis overflow. A l'eau.

(Refrain)

Je rapp’, je zapp’, je wapp’, tu vois, en v'la d'l'info. En vrac.

Tu sais Mireille, j'sais plus quoi fair’. Sur Planèt’ Terre.

 

Erreur 404, l'âm’ que vous pensiez trouver

N'existe plus ici ou bien s'est déplacée (bis).


 


Mes Remerciements

A ma famille et à tous mes amis qui n'ont jamais rien compris de ce que je leur raconte depuis vingt ans, ce qui m'a permis de relativiser l'importance de mon travail.

A Claude Gagnière, auteur de « Pour tout l'or des mots », à l’humour précieux, un livre délectable pour tous les amoureux des mots et grâce à qui j'ai pu souvent rebondir d'une idée à l'autre.

A Jean-Claude Vologne, auteur de « Les allusions littéraires », un summum d’intelligence et d’érudition.

Au Petit Robert, que j'essaie d'apprendre par cœur depuis des années, mais j'ai du mal.

Aux journaux 01 Informatique et Le Nouvel Hebdo, qui publient joyeusement mes mauvaises humeurs et chroniques qui ont largement inspirées cet ouvrage.